Deuxième secteur le plus polluant du monde, l’industrie de la mode prend conscience de l’intérêt d’utiliser les ressources existantes pour réduire ses déchets. L’upcycling devient peu à peu la nouvelle tendance du marché de l’occasion et du vintage. Le secteur du luxe a décidé de franchir le pas.
Selon le Ministère français de l’écologie, on estime que 10 000 à 20 000 tonnes de textiles neufs sont jetées chaque année. Autrefois, les marques de luxe brûlaient ou jetaient secrètement leurs invendus pour préserver leur exclusivité et éviter les contrefaçons. Cette pratique néfaste est désormais interdite en France depuis que des maisons comme Burberry et Louis Vuitton ont été critiquées pour ne pas avoir abordé ce problème de manière durable. Avec la pandémie de Covid-19, l’accumulation de vêtements invendus a atteint de nouveaux sommets et de nombreux créateurs ont pointé du doigt les pratiques de surproduction de l’industrie de la mode. Rien que pour les collections printemps-été 2020, des stocks excédentaires d’une valeur de 140 à 160 milliards d’euros ont été produits, selon le rapport McKinsey, soit plus du double des années précédentes. La nécessité pour le secteur du luxe de repenser sa chaîne d’approvisionnement et de produire moins de déchets est aujourd’hui sans appel.
Une évolution vers une industrie plus verte
Dans un contexte où 99 % de tous les textiles deviennent des déchets, l’upcycling se présente comme une vraie solution pour sauvegarder l’environnement, consommer de manière plus responsable et adopter l’économie circulaire. Contrairement au recyclage, qui concerne moins de 1% des vêtements, et qui procède au travers de techniques complexes à la décomposition et la transformation de la matière en nouvelles fibres, l’upcycling demande un esprit créatif pour redonner vie à des pièces d’occasion et des rebuts en vêtements hautement désirables. Pendant longtemps, l’upcycling a été ignoré du secteur du luxe. Aujourd’hui, de grandes marques adoptent cette pratique qui préserve le caractère unique et l’histoire du vêtement, inscrivant ainsi le passage à une production plus réfléchie et la nécessité de soigner une image plus écologique. En avril, le groupe LVMH a lancé Nona Source, une plateforme de revente en ligne donnant accès à des tissus, des dentelles et des cuirs certifiés provenant des maisons du groupe. Destinées à de jeunes créatifs, des écoles de mode et des associations caritatives, entre autres, ces matières sont proposées à un tarif inférieur de 70% au prix de gros d’origine.
Cette prise de conscience effective du milieu de la mode a eu lieu lors de la présentation des collections printemps-été 2021. Chez Balenciaga, 93,5% des matériaux sont «certifiés durables ou upcyclés», ce qui se traduit par des manteaux en fausse fourrure faits de lacets de chaussures ou des robes sophistiquées composées de chaînes de filets de basket. À Milan, Marni met la durabilité au premier plan, en créant une collection de manteaux fabriqués à partir de pièces et de tissus d’archives dans un patchwork excentrique. Ailleurs, Miu Miu a lancé une collection capsule de 80 robes uniques, pour les fêtes de fin d’année, retravaillées à partir de pièces des années 30 aux années 80, provenant de marchands spécialisés dans le vintage à travers le monde.
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