La culture doit aussi se questionner sur son empreinte carbone

Dans le monde, selon le rapport «Art of Zero» de l’ONG Julie’s Bicycle, une estimation indicative de l’empreinte carbone globale du monde de l’art est de l’ordre de 70 millions de tonnes de CO2e par an. Il se trouve que 26% (18 millions de tonnes de CO2e) sont dus aux bâtiments, aux expéditions d’œuvres d’art et aux voyages d’affaires. La majorité (74%) de l’empreinte du secteur est liée aux émissions causées par les déplacements des visiteurs (~52 millions de t CO2e). L’impact du numérique, bien qu’il ne représente qu’une faible proportion de l’empreinte, est en augmentation. Cette empreinte annuelle équivaut à l’électricité produite par 8692 éoliennes de 10 MW.

En France, de nombreux acteurs de la culture se sont engagés à rendre le secteur plus durable et circulaire. Le rapport «Décarbonons la culture» du think-tank «The Shift Project» et l’événement 1.618 «Les Nouveaux Luxes», qui vient d’avoir lieu début juin, en sont la preuve. Pour engager le secteur culturel sur le chemin de la durabilité, la Ville de Paris a publié en 2021 un livret proposant des solutions concrètes pour développer l’économie circulaire dans les lieux et établissements culturels parisiens. Réunissant une quarantaine d’acteurs et d’experts de la culture en rapport avec l’économie circulaire, sous la coordination de l’agence de production d’événements artistiques et culturels ARTER, cette boîte à outils a pour but de limiter l’impact environnemental de l’activité culturelle en puisant dans sa créativité et sa capacité d’engagement et de mobilisation du public. «Depuis la crise sanitaire liée au Covid-19, les enjeux de réduction des impacts environnementaux prennent une place de plus en plus centrale dans le secteur culturel et créatif, explique Renaud Sabari, président d'ARTER. Les professionnels du secteur sont confrontés à la nécessité de répondre aux mutations d’une société en transition, de maintenir leur rôle prescripteur, mais aussi d’adapter et de transformer leurs pratiques.»

Entreprise à mission depuis 2022, ARTER a décidé de mettre les enjeux climatiques au centre de son projet d’entreprise, afin de devenir un exemple à suivre dans le monde culturel. Pour assurer une production aussi locale que possible, l’agence compte une vingtaine de prestataires historiques en Île-de-France et aux alentours, de la construction à la lumière en passant par l’audiovisuel, qui doivent signer une charte prestataire présentant leurs engagements écoresponsables de l’approvisionnement à la gestion des déchets. «Ces partenariats sont essentiels au déploiement de la stratégie RSE d’ARTER et sont autant d’opportunités de faire bouger les lignes et d’embarquer notre écosystème pour mieux le fédérer», ajoute Sabari.