COP29: De nouvelles taxes prévues pour l’aviation privée, la cryptomonnaie et les ultra-riches
By Justine Offredi19 novembre 2024
La COP29, qui se tient depuis le 11 novembre à Bakou, en Azerbaïdjan, est en pleine effervescence. Face au besoin de financement urgent de l’action climatique, des propositions de taxation sur les industries les plus polluantes et les plus lucratives ont été émises et pourraient générer des centaines de milliards de dollars par an.
Cette 29ᵉ édition, surnommée «la COP des finances», met l'accent sur le renforcement des moyens financiers pour lutter contre le changement climatique, dont le besoin est estimé à 1 300 milliards de dollars d’ici 2035, selon Euronews. Les disparités dans les émissions de carbone sont frappantes: les 1% les plus riches produisent autant d’émissions que les 66% les plus pauvres réunis. Ce constat a poussé les négociateurs de la COP29 à se tourner vers les industries les plus polluantes et aussi les plus lucratives telles que l’aviation, le transport maritime ou encore l’extraction de combustibles fossiles.
En 2023, un groupe de travail sur les taxes à solidarité, piloté par la France, le Kenya et la Barbade, avait été lancé pour étudier le potentiel des taxes sur ces secteurs. Elles permettraient non seulement de financer des actions climatiques, mais aussi de limiter les pratiques polluantes en créant des incitations économiques pour réduire les émissions de CO2.
Des premiers «états des lieux et options à prendre en compte» ont été livrés par ce groupe de travail dans un rapport publié le jeudi 14 novembre. L’aviation, qui bénéficie actuellement d’exonérations fiscales importantes, notamment sur le kérosène, est en ligne de mire. Le projet de taxation propose: une redevance sur le kérosène pour l’aviation globale et privée (33 centimes d’euros par litre) ; une taxe optionnelle sur les billets d’avion en classe économique (30 dollars par siège) et obligatoire sur les vols «de luxe» (120 dollars par siège) ; une taxe sur les vols fréquents (9 dollars dès le deuxième vol et 177 dollars au vingtième trajet effectué au cours de la même année). Ces mesures pourraient rapporter environ 140 milliards de dollars par an, tout en incitant les compagnies aériennes à réduire leurs émissions de CO2.
Autre volet, la taxation des ultra-riches (UHNWI) et de la cryptomonnaie. Le G20, sous l’impulsion de la présidence brésilienne, a discuté pour la première fois cette année de la faible taxation des grandes fortunes. Une taxe minimum globale de 2% sur la richesse des milliardaires (environ 3 000 contribuables) pourrait rapporter 5,2 milliards de dollars. Cette taxe ne concernerait que les milliardaires dont les contributions fiscales actuelles sont inférieures à 2% de leur richesse. Le rapport mentionne d’autres options de taxations, notamment celle sur les centi-millionnaires (dont la richesse est évaluée au minimum à 100 millions de dollars) ou à un taux supérieur, ce qui générerait 100 à150 millions de dollars de recettes en plus et doublerait ce gain si le taux est augmenté à 3%.
Le marché de la cryptomonnaie, estimé à 3 milliards de dollars en novembre 2021, est quant à lui particulièrement énergivore. Authentifier une transaction en bitcoins équivaut à environ trois ans de consommation d’électricité pour un Ghanéen et trois mois pour un Allemand. Taxer les transactions de cryptomonnaie pourrait se chiffrer en dizaine de milliards par an, allant de 15,8 milliards pour une taxe de 0,1% à 323 milliards pour une taxe de 20%. L’autre alternative visant à taxer la consommation d’électricité des mineurs de cryptomonnaie réduirait d’environ 45% les émissions de carbone liées à cette industrie et pourrait générer 5,2 milliards d’euros de recettes à l’échelle mondiale, selon le Fonds Monétaire International (FMI).
Début 2025, des propositions concrètes accompagnées d’études d’impact et de mises en œuvre seront lancées publiquement, dans l’optique de collecter au moins 100 milliards d’euros par an. La coalition pour les fonds solidaires, qui compte désormais 17 Etats, s’engage à parvenir à l’adoption d’une première solution de taxation d’ici la COP30 en 2025.
Dans un discours lors de la COP29, Simon Stiell, Secrétaire exécutif d’ONU Climat, a rappelé «le rôle essentiel» du G20 dans le financement de l’action climatique et a déclaré que 2 000 milliards seront investis dans les énergies et les infrastructures propres cette année. Il a également mis en garde les dirigeants mondiaux des risques d’inflation potentiels: «L’aggravation des effets du climat entraînera une inflation galopante, à moins que chaque pays ne prenne des actions climatiques plus audacieuses». Dans de nombreux pays, les effets du climat amputent le PIB de près de 5%, a-t-il ajouté, estimant que les catastrophes climatiques entraînent une hausse des coûts pour les ménages et entreprises.
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