Semaine de la haute couture: plus de 10 milliards de revenus générés tous les ans

C’est une énième standing ovation pour la collection Armani Privé, inspirée des années 30 sur des tons noirs, blancs et beiges, qui a égayé les salons du Palais de Tokyo. Sous les yeux admiratifs de Cate Blanchett et Eva Green, le défilé aux 89 silhouettes fut l’un des moments clés de la semaine de la haute couture qui s’est déroulée à Paris du 24 au 27 juin dernier.

Laboratoire créatif de la mode, la Fashion Week haute couture présente deux fois par an, et uniquement à Paris, les prouesses artisanales et technologiques des maisons ainsi que les dernières innovations en termes de matière et d’assemblage.

Si, grâce surtout aux grands groupes du secteur comme LVMH, Chanel, Kering ou Hermès, la mode française de luxe réalise environ 150 milliards d’euros de chiffre d’affaires et représente presque 2,5 % du Produit Intérieur Brut du pays (PIB), il est plus difficile de quantifier les revenus du segment de la haute couture.

Mais en additionnant les chiffres d’affaires de toutes les griffes accréditées par la Fédération de la haute couture et de la Mode (FHCM, organisme créé en 1868 pour promouvoir la culture et l’excellence de la mode française dans le monde), le montant obtenu est supérieur aux 30 milliards d’euros. Pourtant, d’après plusieurs estimations, la clientèle de la haute couture compte à peine 5000 personnes dans le monde, mais son influence reste très puissante.

La haute couture symbolise un savoir-faire artisanal fort: s’il faut 150 heures environ pour fabriquer un costume couture ou une simple robe, il en faut environ mille pour créer une robe de haute couture décorée par des broderies et différents éléments d’ornement. Dans le monde entier, les couturiers et couturières qui détiennent les critères et les qualifications pour pouvoir travailler dans la haute couture sont très peu nombreux: à peine plus de 2000 travailleurs.

A Paris, les lieux historiques ont ouvert leurs portes à ces créations d’exception. Pour exemples: Armani Privé a choisi le Palais de Tokyo ; la styliste italienne Maria Grazia Chiuri fait défiler chaque année ses collections Dior dans le cadre somptueux de Musée Rodin, tandis que Chanel est liée de près au Grand Palais depuis près de 20 ans (avant qu’il n’entre dans une importante phase de travaux en 2021).

La haute couture permet ainsi de renforcer l’image de marque de la ville de Paris à travers le monde, en contribuant à sa bonne santé économique. La capitale se distingue de ses concurrentes grâce à son monopole légal sur le label « haute couture » depuis 1945. Selon une étude rédigée par l’Institut Français de La Mode, la semaine dédiée à la haute couture génère à peu près 10 milliards de transactions commerciales annuelles et 1,2 milliard de retombées indirectes, liées aux dépenses en communication.

Cette édition un peu particulière, au vu de l’arrivée imminente des Jeux Olympiques 2024 dans la capitale française, a été exceptionnellement décalée d’une semaine pour laisser suffisamment de temps à la préparation de l’événement sportif mondial. Le célèbre magazine de mode Vogue en a profité pour ouvrir la semaine avec un défilé de mode géant Place Vendôme, le «Vogue World» célébrant les 100 ans de la mode et du sport, auquel les plus grands créateurs français et célébrités mondiales ont participé.