Style & Évasion

SailGP: le championnat qui profile les légendes de la voile du XXIe siècle

Cristina D’Agostino

By Cristina D’Agostino17 août 2023

Le coup d’envoi de la saison 4 du SailGP a été donné à Chicago en juin dernier. Désormais hissé au pinacle du sport vélique, le championnat étoffé de douze Grands Prix sur l’année est devenu le rendez-vous incontournable des meilleurs navigateurs du monde. Rolex, Presenting Partner confirme son engagement et signe pour dix nouvelles saisons.

Les courses du SailGP sont intenses. Les catamarans à foils F50 peuvent atteindre des vitesses supérieures à 50 nœuds (près de 100 km/h). Ici, le Germany SailGP Team qui participe pour la première fois au SailGP. L'un des co-investisseurs de l'équipe n'est autre que le quadruple champion du monde de F1 Sebastian Vettel (Rolex. SailGP)

Sur le Navy Pier de Chicago, la foule était compacte en ce premier weekend de championnat SailGP, venue admirer les dix bêtes de courses dans leur combat pour la victoire. Sur les bords du lac Michigan, le Rolex United States Sail Grand Prix-Chicago lançait la saison 4, un championnat de voile sur catamarans à foils, aujourd’hui élargi à 12 événements répartis sur quatre continents pendant l’année.

Sébastien Schneiter, barreur de l'équipe suisse SailGP, en action derrière Jeremy Bachelin, wincheur de l'équipe suisse SailGP, lors de la première journée de course du Rolex United States Sail Grand Prix de Chicago au Navy Pier, Saison 4, à Chicago, Illinois, États-Unis. Actuellement, l'équipe suisse est 9ème au classement (Ricardo Pinto pour SailGP)

Après la victoire du bateau australien à San Francisco qui concluait la saison 3 en mai dernier, tous les équipages étaient de nouveau au rendez-vous sur le plan d’eau de Chicago. Ce 16 juin, première date du calendrier de la saison 4, la flotte comptait même une nouvelle nation, l’Allemagne, venue gonfler les rangs du SailGP. Cette année, tous ont passablement retravaillé leur manière de naviguer et de communiquer en course, grâce aux milliers de données enregistrées sur chaque bateau, au fil du championnat. Car la compétition vélique imaginée par Russell Coutts, CEO du SailGP depuis sa création en 2019 a cela de totalement novateur que toutes les informations recueillies par les centaines de capteurs disposés sur chaque catamaran sont envoyées à Londres. C’est au data center qu’elles sont compulsées et instantanément renvoyées sur le site de l’événement, pour être mises à disposition de tous les équipages, en open source, en temps réel.

Nos modèles sont ceux de la MBA ou de la Formule 1, aujourd’hui très portés sur le digital et nos courses sont profilées pour plaire à tous les publics

Russell Coutts, CEO du championnat SailGP

Russell Coutts, le célèbre navigateur néozélandais quadruple vainqueur de l’America’s Cup et CEO du championnat SailGP (Rolex. SailGP)

C’est d’ailleurs ce qui a motivé l’envie de créer ce format très particulier, née d’une unique ambition: mettre en lumière le talent des équipages, tous dans les mêmes bateaux, disposant des mêmes technologies et ressources financières (il faut compter 7 millions de francs, y compris la location du bateau, son transport, les frais d’entretien et les supports techniques divers). Russell Coutts, le célèbre navigateur néozélandais quadruple vainqueur de l’America’s Cup, souhaitait doter la voile d’un championnat international, composé d’une flotte de catamarans F50 sur foils dernière génération, actif sur quatre continents et réunissant les meilleurs navigateurs du monde.

Des catamarans F50 dernière génération

C’est à la suite de l’America’s Cup 2017, qui avait vu les Néozélandais vaincre les Américains aux Bermudes, que le propriétaire d’Oracle, Larry Elisson, décida de racheter la flotte de catamarans F50 sur foils. Les bateaux de 50 pieds présentaient pour la première fois une voile rigide et un système de production d’énergie hydraulique à bord de chaque bateau – par la seule force des bras ou des jambes –, nécessaire à l’activation des commandes électroniques. Ces avancées technologiques allaient d’ailleurs continuer à alimenter les innovations des futurs voiliers de course du monde entier.

Naviguer au plus près du bord, sur des plans d'eau proches de grandes villes sont des critères importants pour Russell Coutts, CEO du SailGP. Garantir un spectacle de qualité est primordial pour le succès du championnat (Rolex. SailGP)

Aujourd’hui, les catamarans réalisés par Core Builders Composites en Nouvelle-Zélande n’ont pratiquement plus rien à voir avec ceux mis au point pour l’America’s Cup de 2017. Le cockpit a été entièrement revu. Trois choix de voiles sont désormais possibles en fonction des vents, ainsi que deux dimensions de foils. Le but reste lui inchangé: stabiliser le catamaran afin de le faire voler au-dessus de l’eau le plus longtemps possible, lors des quinze minutes de course.

Sir Ben  Ainslie, témoignage Rolex, navigateur olympique le plus titré de tous les temps, directeur général et barreur de l’équipe britannique Emirates Great Britain SailGP Team, actuellement 6ème au classement (Rolex. SailGP)

Alors que l’America’s Cup se plaît à laisser chaque team propriétaire du bateau interpréter les innovations selon un cadre fixé, le SailGP met à disposition des catamarans F50 en tous points identiques, que les équipages peuvent louer à l’année. Cette différence de taille laisse toute latitude aux équipes d’exprimer librement leur talent de navigateur et de stratège sur l’eau. Chaque course exige des capacités et une expérience exceptionnelle au plus haut niveau de la voile de compétition.

Les F50 ont la capacité de magnifier le talent des navigateurs.

Sir Ben  Ainslie, témoignage Rolex, barreur de l’équipe britannique Emirates Great Britain SailGP Team

Sir Ben  Ainslie, témoignage Rolex, est l’un d’entre eux. Navigateur olympique le plus titré de tous les temps, directeur général et barreur de l’équipe britannique Emirates Great Britain SailGP Team, raconte: «Ce sont des courses de grande intensité. Les bateaux peuvent atteindre 100 km/h, sur un plan d’eau où les dix bateaux régatent de manière compacte, souvent en mer agitée. C’est extrême! Notre capacité à naviguer avec les vents reste la clé, et notre analyse du plan d’eau peut faire la différence. Trouver 2 nœuds de vent permet de transformer cette poussée en une vitesse trois fois plus élevée. Les F50 ont la capacité de magnifier le talent des navigateurs. Bien sûr, la marge entre le succès et l’échec est très fine, tout doit être parfait, chaque opportunité impeccablement négociée.»

Un championnat modèle d’inclusion

C’est pour cet ensemble de qualités, de performances et de talents que Rolex, partenaire du SailGP depuis la première saison, a confirmé son engagement en signant pour dix nouvelles saisons au titre de Presenting Partner du championnat. Ce partenariat, qui s’inscrit dans une démarche au long cours de la marque, est au plus près de ce qui motive le SailGP, inspire la jeune génération et anime Rolex depuis ses débuts: les valeurs d’excellence, le goût du défi et la passion de la compétition. Engagée depuis sept décennies dans un très grand nombre de courses et de régates de premier plan à travers le monde, la marque a choisi, avec le SailGP, de soutenir l’élite du nautisme dans ce que le XXIe siècle peut apporter de plus novateur et de durable.

Rolex, partenaire du SailGP depuis la première saison, a confirmé son engagement en signant pour dix nouvelles saisons au titre de Presenting Partner du championnat. Pour lancer la saison 4, Rolex était presenting Partner du United States Sail Grand Prix-Chicago (Rolex. SailGP).
Hannah Mills, navigatrice la plus titrée de l’histoire olympique, stratège sur le bateau britannique du SailGP et témoignage Rolex (Rolex)

Car au-delà des performances technologiques, le championnat se veut aussi un modèle d’inclusion, de diversité et de durabilité, des conditions aujourd’hui nécessaires à la perpétuation des événements sur le long terme. Hannah Mills, navigatrice la plus titrée de l’histoire olympique, stratège sur le bateau britannique du SailGP et témoignage Rolex explique: «Le SailGP a développé un programme pour permettre aux femmes navigatrices d’accéder à la compétition. Depuis deux saisons, chaque bateau compte une femme à bord. Pour l’instant, nous avons la position de stratège, mais tout est mis en œuvre par Russell Coutts pour que nous puissions accéder, selon les profils des navigatrices, au poste de barreur, d’ici à la saison 6. Pour cela, nous avons besoin de temps et d’entraînements en dehors des courses. Des moyens financiers supplémentaires sont nécessaires: les bateaux n’appartenant pas aux équipes, il est impossible de les utiliser hors course. Heureusement, des simulateurs existent. Mais je suis confiante. Après la course, hier, j’ai eu la possibilité de barrer le bateau pour la première fois. C’était incroyable! Ben Ainslie, le barreur et tous mes coéquipiers sont très à l’écoute de ces problématiques, ce sont des hommes formidables.» Et sur ce point, Hanna Mills fait figure de modèle pour beaucoup de jeunes espoirs de la voile. Elle est la première navigatrice du SailGP à avoir momentanément arrêté sa carrière pour avoir un enfant, en 2022. Revenue à la compétition après un an, elle a aujourd’hui totalement réintégré l’équipe britannique, tout en gardant près d’elle son enfant aussi souvent que possible lors des Grands Prix.

Depuis deux saisons, chaque bateau compte une femme à bord. Pour l’instant, nous avons la position de stratège, mais tout est mis en œuvre par Russell Coutts pour que nous puissions accéder, selon les profils des navigatrices, au poste de barreur

Hannah Mills, témoignage Rolex, stratège sur le bateau britannique

Laboratoire d’innovations sur de nombreux programmes, le SailGP fait également figure de pionnier en termes de durabilité. L’Impact League, une initiative mise au point par la direction du championnat, invite tous les équipages à réaliser concrètement des économies d’énergie, à réduire leur impact sur l’eau et sur la terre ainsi qu’à poursuivre leurs efforts dans les domaines de la diversité et de l’inclusion. Chaque événement est audité, chaque équipe est monitorée et doit briller sur la base de nombreux critères. L’Impact League impose une compétition entre équipes au moins aussi forte que celle qu’elles se livrent sur l’eau. Autre point fort, l’Inspire Program également pensé par Russell Coutts offre à de jeunes navigateurs, hommes et femmes, de naviguer sur des petits bateaux sur foils, et de pénétrer peu à peu l’élite du sport en côtoyant les navigateurs des F50 sur chaque Grand Prix. Natasha Bryant, la stratège du bateau australien est d’ailleurs issue de l’Inspire Program.

Des données en open source qui profilent la voile du XXIe siècle

Depuis quatre ans, le SailGP a radicalement transformé le milieu de la voile. Il joue désormais un rôle clé dans l’avenir du sport, au regard des avancées multiples en matière d’inclusion, de durabilité et de progrès dans la diminution de son empreinte carbone. Des qualités indispensables qui ont joué un rôle considérable dans l’engagement du Presenting Partner Rolex, attaché à trouver précision, dévouement et le plus haut niveau de performance de la part des concurrents et de leurs bateaux.  

Sébastien Schneiter, barreur du bateau suisse (Rolex. SailGP)

Innovation importante du SailGP, le concept de données en open source, disponibles en temps réel à chaque équipage, a aussi révolutionné l’état d’esprit du sport. Sébastien Schneiter, barreur du bateau suisse raconte: «Oui, cela permet aux nouvelles équipes d’avoir la chance de rivaliser rapidement avec les plus anciennes déjà expérimentées. Elles ont accès aux datas des années précédentes que le cloud d’Oracle met à disposition, où toutes les données sont enregistrées. On peut voir les vidéos, analyser les manœuvres, savoir quel bouton a été actionné, entendre ce qui se dit sur les bateaux. On peut revivre tous les moments, ceux vieux de plusieurs années ou de la course en live. En entraînement, nos coachs peuvent observer, écouter, analyser ce que font les autres équipes et nous guider, directement sur l’eau, depuis le bord.»

Chaque saison, de nouvelles évolutions peuvent permettre une certaine marge de manœuvre.

Sébastien Schneiter, barreur du bateau suisse

Une marge d’intimité ou un secret de navigation peuvent-ils être encore possibles? À cette question, Tom Slingsby, le barreur star du bateau australien, vainqueur à plusieurs reprises du SailGP admet: «Bien sûr, nous essayons de garder quelques secrets, nous utilisons nos mots, qui peuvent avoir plusieurs sens, selon les manœuvres. Mais il suffit d’analyser en profondeur les données pour déceler ces petites astuces. Ça ne tient pas très longtemps.» Les avancées sont plus intéressantes à observer du côté des F50, explique Sébastien Schneiter: «Chaque saison, de nouvelles évolutions peuvent permettre une certaine marge de manœuvre. Tous les bateaux sont identiques, mais cette année, il y a un peu plus de liberté sur la façon de contrôler nos panneaux où sont disposés tous les boutons de commande. Chaque équipe peut décider des fonctions à attribuer à chacun d’eux.»

Désormais aussi solidement ancrée dans le calendrier des meilleurs navigateurs que l’América’s Cup, le SailGP aura réussi en quelques années à séduire le public, toujours plus nombreux. Sur ce point, Russell Coutts a su caler son championnat sur les compétitions sportives les plus populaires. Il ajoute: «Nos modèles sont ceux de la MBA ou de la Formule 1, aujourd’hui très portés sur le digital et nos courses sont profilées pour plaire à tous les publics, y compris les plus jeunes, grâce au temps très court de chaque course, au formidable spectacle qu’elles offrent au plus près des rivages et dans des lieux iconiques. Quoi de mieux que de naviguer sous la statue de la Liberté à New York? C’est ce qui attend les spectateurs l’an prochain, dans l’avant-dernier Grand Prix de la saison.»

Pour l’heure, c’est sur les bords d’un autre rivage iconique que se donneront rendez-vous les dix équipages du SailGP, puisque le prochain Grand Prix se déroulera à Saint-Tropez les 9 et 10 septembre prochains.

Le prochain événement SailGP aura lieu dans la baie de St-Tropez, en France, les 9 et 10 septembre 2023. (Shutterstock)

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