Prada: Croissance à deux chiffres en 2024 et potentiel rachat de Versace

L’année 2024 a été particulièrement encourageante pour Prada qui affiche des résultats en constante progression depuis deux ans. Le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 5,43 milliards d’euros, soit une hausse de 15% par rapport à l’année précédente et de 39% par rapport à 2022. Son réseau de boutiques en propre reste un levier de croissance essentiel, représentant 89% de ses revenus annuels, en progression de 18% rien que sur le dernier trimestre. Le groupe se montre d’autant plus solide et rentable avec le temps, affichant un bénéfice net de 1,2 milliard d’euros.

Si Prada demeure le moteur du groupe avec 3,56 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour l’année écoulée (+4% par rapport à l’année précédente), Miu Miu affiche une excellente progression de 93% de ses ventes sur un an et franchit pour la première fois la barre du milliard d’euros.

Le groupe de luxe italien, dirigé par Miuccia Prada et son mari Patrizio Bertelli, semble épargné par le ralentissement du marché chinois. En Asie-Pacifique, les ventes s’élèvent à 1,6 milliard d’euros, en hausse de 13% par rapport l’année précédente, avec un dernier trimestre qui se veut plutôt rassurant (+16% par rapport au précédent). La progression des ventes sur le marché japonais est encore plus impressionnante, avec une augmentation de 46% sur l’année. L’Europe continue de performer avec une croissance à deux chiffres tandis que le Moyen-Orient, qui représente 5% des parts de marché, montre son potentiel (+26% de ventes en un an), stimulé aussi bien par la consommation locale, que par les dépenses touristiques.

Outre les résultats annuels dévoilés ce mardi, Prada suscite toutes les attentions ces derniers temps. Le groupe est la cible de rumeurs persistantes concernant un potentiel rachat de Versace (du groupe Capri Holdings), laissant la presse et les financiers en haleine. Le communiqué de résultats de Prada ne fait aucune mention d'un potentiel accord en vue d'une acquisition de Versace, mais le groupe italien disposait d'une trésorerie nette de 600 millions d'euros à la fin du mois de décembre, ce qui pourrait contribuer à financer une éventuelle acquisition.

La conclusion d’un accord entre le groupe milanais et l’Américain Capri Holdings semble de plus en plus concrète, à tel point que l’action du groupe a bondi de 8,7% avant l’ouverture de la Bourse ce lundi matin. L’offre, qui s’élèverait à 1,5 milliard d’euros selon Bloomberg News, serait notamment soutenue par Lorenzo Bertelli, fils aîné de Miuccia Prada et Patrizio Bertelli, aussi directeur marketing du groupe. Un tel rachat permettrait d’une part à Versace, qui a connu des pertes sur les neufs derniers mois de 2024, de relancer la machine à long terme et d’autre part de renforcer l’influence italienne face aux géants du luxe français qui dominent le secteur du luxe. Bien que le redressement de Versace pourrait pendre plusieurs années, cette acquisition offrirait à Prada l’opportunité d’étoffer sa clientèle actuelle, adepte du style minimaliste de la marque, à des clients aux goûts plus audacieux.

Pour l’avenir, le groupe italien, devenu un acteur de taille face aux mastodontes du luxe français, mise sur une progression des parts de marché de Prada et une consolidation de sa marque Miu Miu. Reste à savoir si Versace rentrera finalement dans la partie et permettra au groupe de battre des nouveaux records de performance pour les années venir.