Pourquoi l’Inde n’est pas la nouvelle Chine

Aditya Birla Fashion and Retail Limited (ABFRL) est le premier conglomérat de mode du pays avec un chiffre d’affaires avoisinant les 1,37 milliard d’euros (1,49 milliard de dollars) en 2023. Depuis deux décennies, il a réussi à renforcer la présence des marques de luxe et des bridge-to-luxury au-delà des principales métropoles du pays. C’est grâce à son magasin multimarque The Collective, qui abrite des enseignes haut de gamme telles que Ralph Lauren, Hackett London, Ted Baker et Moschino, mais également par le développement d’un portefeuille de marques de luxe dans lesquelles il a acquis des participations majoritaires. C’est entre autres le cas des principales marques de luxe indiennes, mais également un investissement à parts égales avec Christian Louboutin en Inde.

Le groupe prépare à présent l’entrée du premier grand magasin de luxe étranger en Inde, les Galeries Lafayette, dont l’ouverture est prévue à Mumbai en décembre, sur une surface de 90 000 pieds carrés (8361,2 m²) dans l’une des zones les plus chères de la ville. Il sera suivi d’un autre magasin à New Delhi en 2025. ABFRL prévoit notamment de développer les Galeries Lafayette dans des marchés du luxe sous-représentés, et pourtant prometteurs en Inde, comme Hyderabad.

Dans un entretien exclusif avec Luxury Tribune, Sathyajit Radhakrishnan, PDG des affaires internationales d’ABFRL, révèle la réalité du marché indien du luxe et les meilleures façons de l’appréhender.

Pourquoi ABFRL a-t-il choisi de faire venir en Inde un grand magasin – les Galeries Lafayette – et de ne pas s’associer directement avec des marques de luxe désireuses de se développer en Inde?

Les consommateurs indiens ont besoin d’un pont vers le luxe pour progresser dans leurs habitudes d’achat au fur et à mesure de leur développement économique. On ne passe pas immédiatement d’une marque de mode fast-fashion à une marque de luxe. C’est pourquoi nous avons créé The Collective en 2009, un magasin multimarque de luxe qui propose des enseignes telles que Ralph Lauren, Ted Baker et Karl Lagerfeld, pour n’en citer que quelques-unes. Nous nous sommes associés aux Galeries Lafayette, car nous pensons que ces magasins sont plus inclusifs et démocratiques, tout en étant exclusifs grâce au type de produits qu’ils proposent. Parfois, les magasins monomarque peuvent être intimidants pour les clients qui n’ont jamais eu d’interaction avec cette marque. Aux Galeries Lafayette, nous proposerons près de 100 marques dans les catégories de la beauté et des accessoires de luxe, comme les sacs à main, les chaussures, puis la mode, qui inclura des créateurs indiens. Notre objectif est d’inciter les consommateurs à acheter plus de luxe avec les Galeries Lafayette.

Quels sont vos projets pour faire du premier magasin de luxe indien un succès et encourager d’autres à le suivre?

Vendre des produits de luxe en Inde nécessite une expertise locale, c’est pourquoi nous déciderons de ce qui sera vendu dans les Galeries Lafayette en Inde, tout en étant guidés par le siège des Galeries Lafayette en France. Le premier magasin ouvrira ses portes à fin 2024. Nous avons déjà recruté des experts afin de comprendre à l’avance les sensibilités des consommateurs indiens. Nous étudions la possibilité d’ouvrir des magasins Galeries Lafayette au-delà de Delhi et de Mumbai en sensibilisant le groupe français aux possibilités qui s’offrent à lui dans d’autres régions de l’Inde. Nous disposerons également d’un canal d’e-commerce.

Pourquoi l’intérêt des marques de luxe pour l’Inde a-t-il soudainement augmenté au cours des cinq dernières années?