Nouveautés 2024: quelles montres pourraient devenir les prochains graals des collectionneurs ?
By Shilpa Dhamija09 mai 2024
Alors que toutes les grandes marques horlogères ont présenté leurs collections 2024 aux professionnels du monde entier, Luxury Tribune a décrypté ce qui détermine l’attrait d’un modèle, à travers les perspectives de certains des collectionneurs et commissaires-priseurs de montres les plus expérimentés au monde.
Les collectionneurs d'aujourd'hui veulent s'assurer que leur passion pour l'horlogerie est financièrement viable
Patrick Getreide, collectionneur
Au salon horloger de Genève cette année, alors que les passionnés s'émerveillaient devant les versions 2024 de la montre Tortue de Cartier créée au début du XXe siècle, un gentleman italien au charisme imposant semblait moins surpris que les autres. Le célèbre collectionneur Auro Montanari, également connu sous le nom de John Goldberger, auteur prolifique sur les montres vintage, s’était déjà familiarisé avec les nouveautés. Son avis est hautement valorisé par les Maisons, qui lui fournissent souvent des avant-premières de leurs nouvelles sorties pour récolter son feedback.
Lorsque Luxury Tribune a rencontré Auro Montanari à Watches & Wonders pour décoder les motivations en pleine évolution des collectionneurs, il a calmement sorti une montre chronographe Tortue en platine de 1929 manufacturée à Paris, et a déclaré: «Quand j'ai commencé à collectionner des montres, c'était purement par passion. Les collectionneurs considéraient rarement l'investissement ou n'achetaient pas de montres en prévision d'une hausse des prix. Ceux d'aujourd'hui sont cependant enclins à investir dans les montres.»
Patrick Getreide, un autre éminent collectionneur de montres vintage et modernes parmi les plus recherchées, partage le sentiment de Montanari. Il note que les collectionneurs d'aujourd'hui veulent «s'assurer que leur passion pour l'horlogerie est financièrement viable» et tiennent compte de la valeur esthétique, historique et d'investissement d'une montre.
Les Tortues de Cartier sont rares en vintage, et possèdent cette unicité inhérente qui fait tout l’attrait aux yeux des collectionneurs
Alexandre Bigler, responsable des montres chez Christie's Asia Pacific
Collectionner des montres avec, dans le viseur, une anticipation de leur valeur future est une tendance devenue indéniablement populaire «maintenant plus qu'il y a vingt ans», confirme Aurel Bacs, un commissaire-priseur chevronné qui a vendu de nombreuses pièces emblématiques, dont la Rolex Daytona de Paul Newman pour 17,7 millions de dollars. «Cependant, précise-t-il, la motivation est de préserver l'argent dépensé plutôt que de le faire croître, car savoir que l'argent investi dans une pièce peut ne pas se déprécier rehausse le plaisir de collectionner des garde-temps.»
Alors que les motivations des collectionneurs évolue, que pensent les experts de l'industrie des nouveautés de 2024 en tant que pièces de collection? «Cette année, il est très difficile de trouver quelque chose de totalement nouveau chez les marques, avoue Montanari. Comme l'esthétique des années 70 est à la mode, plusieurs marques ont cherché l'inspiration dans leurs archives pour produire de nouvelles pièces qui perpétuent l'ADN de la marque», justifie-t-il.
Cette année, il est très difficile de trouver quelque chose de totalement nouveau chez les marques
Auro Montanari, collectionneur
Des figures importantes du monde des enchères estiment également que les lancements en 2024 ont été globalement "conservateurs" jusqu'à présent, déclare Alexander Bigler, responsable des montres chez Christie's Asia Pacific. «Personne n'était d'humeur à expérimenter cette année, note, pour sa part, Aurel Bacs. Il s'agissait d'une décision consciente prise par les fabricants en raison de la hausse des taux d'intérêt et des tensions géopolitiques.»
Les modèles éligibles à un avenir radieux
Cependant, certaines pièces ont mérité une place sur la liste des montres de collection pour Bacs et Bigler. Comme la montre de poche grande complication Vacheron Constantin Les Cabinotiers - Berkley avec 63 complications qui a demandé onze ans de développement pour le client de la marque. «Elle vient d'être terminée et est déjà un objet de collection et une pièce digne d'un musée», informe-t-il.
La motivation est de préserver l'argent dépensé plutôt que de le faire croître
Aurel Bacs, commissaire-priseur
La liste des pièces de collection potentielles est beaucoup plus longue pour Auro Montanari, qui compte la Rolex Daytona en or blanc, la Patek Philippe 5236P calendrier perpétuel dans un boîtier en platine, la Lange and Sohne Datograph avec cadran lumineux, la Tudor Black Bay en or avec le cadran vert, et bien sûr, la Cartier Tortue Monopoussoir en platine.
Certaines des nouveautés méritent-elles de devenir des montres iconiques à l'avenir ? Pour Getreide, la Rolex Sky-Dweller est une candidate avec le potentiel de devenir la prochaine Daytona. «Elle est sophistiquée et la montre la plus compliquée de Rolex», dit-il. Quant à Alexander Bigler, il choisit la Cartier Privé Tortue Monopoussoir Chronographe comme candidate idéale pour devenir un futur Graal. «Les Tortues de Cartier sont rares en vintage, et possèdent cette unicité inhérente qui fait tout l’attrait aux yeux des collectionneurs", justifie-t-il.
Cependant, Auro Montanari demeure indécis quant à prévoir l'avenir de la collectibilité des montres. Tandis que sa génération de collectionneurs s'inspirait du passé, selon lui «la nouvelle génération cherche l'inspiration dans l'avenir. Paul Newman était célèbre pour notre génération. Mais je ne sais pas si la prochaine génération connaîtra l’acteur de la même manière que nous», estime-t-il.
Pour Aurel Bacs, il faudra du temps pour qu'une nouveauté atteigne le statut de "graal", citant l'exemple de l'une des montres les plus recherchées aujourd'hui: la Rolex Daytona: «Alors que ce modèle est en tête de liste d'attente aujourd'hui, il était vendu à prix réduit dans les années 80 et 90.»
Cependant, il existe une tendance émergente sur laquelle les collectionneurs et les commissaires-priseurs s'accordent à dire qu'elle influencera l'avenir de la collectibilité: la demande croissante et l'intérêt pour les marques indépendantes, «car elles sont les forces créatives de la scène horlogère actuelle», explique Aurel Bacs. Et Montanari d’ajouter: «Elles ont l'avantage de produire des pièces uniques. Actuellement, demander une pièce unique à des marques telles que Cartier, Rolex ou Patek est presque impossible.»
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