Mercedes-Benz, en difficulté, voit son chiffre d’affaires reculer de 4,5% en 2024

L'année 2024 a été difficile pour Mercedes-Benz. Entre l'essoufflement de la demande de véhicules électriques, la stagnation du marché chinois, la crise du secteur du luxe et les difficultés de l'industrie allemande dans son ensemble, le constructeur automobile affiche des résultats annuels en forte baisse. Mercedes-Benz, qui a publié ce jeudi matin ses chiffres pour l’année passée, affiche un bénéfice net de 10,41 milliards d’euros, soit une chute de 28,4% par rapport à l’exercice précédent. 

Le chiffre d’affaires global recule lui aussi, atteignant 145,6 milliards d’euros, en repli de 4,5% par rapport à l’année précédente. Ces résultats sont largement attribuables à la baisse des livraisons, qui ont diminué de 4 %, avec une chute particulièrement marquée de 14 % pour les modèles de luxe.

Ces dernières années, Mercedes-Benz a mis l'accent sur la commercialisation de ses modèles les plus prestigieux, une orientation qui semble aujourd'hui atteindre ses limites. Une analyse de la Deutsche Bank souligne que les prix pratiqués par le constructeur sont excessifs par rapport à ceux de la concurrence, ce qui pourrait expliquer la désaffection des clients.

Parallèlement, le projet d'une transition entièrement électrique d'ici 2030 est remis en question. En 2024, les livraisons de véhicules électriques ont chuté de 23 %, avec seulement 185 000 unités vendues dans le monde, un chiffre largement inférieur à celui de son rival BMW, qui en a vendu plus du double.

Le marché des voitures électriques est confronté à un ralentissement général, après plusieurs années de croissance soutenue. La fin de certaines aides gouvernementales, la hausse des taux d'intérêt freinant le pouvoir d'achat et les difficultés d'approvisionnement en matières premières ont entraîné un net recul des ventes. De plus, l'autonomie encore limitée de certains modèles et l'insuffisance des infrastructures de recharge dans plusieurs régions continuent de freiner les consommateurs dans leur transition vers l'électrique.

Face à cette situation, Ola Källenius, PDG de Mercedes-Benz et président de l’ACEA, (Association des constructeurs européens d'automobiles), a récemment sollicité l'Union européenne pour que les institutions n’infligent pas les amendes prévues contre les constructeurs qui ne parviendraient pas à atteindre les objectifs écologiques -notamment la réduction des émissions polluantes - pour l’année en cours. 

Autre facteur de préoccupation : la Chine, premier marché automobile mondial, où les ventes de Mercedes-Benz ont reculé de 7 %. Dans un contexte de ralentissement économique et de compétition accrue avec les constructeurs locaux, la marque allemande peine à maintenir son attractivité. Pour contrer ces difficultés, Mercedes-Benz prévoit désormais de baisser les coûts de production de 10% à l’horizon 2027. Pour l’instant, aucune éventuelle suppression de postes n’a été évoquée. 

En Allemagne, la situation reste tendue pour le secteur automobile. L'inflation persistante et la suppression soudaine des aides gouvernementales pour l'achat de véhicules électriques ont découragé de nombreux consommateurs. Dans le pays, la part de marché de l’électrique est tombée à 13,5% des ventes totales de véhicules, après s’être approchée des 19% en 2023. Sur l’ensemble de l’année 2024, 381 000 véhicules électriques y ont été immatriculés, soit une chute annuelle de 27,4% après cinq années de croissance robuste, a indiqué l’agence fédérale de l’automobile KBA.

Cette conjoncture pèse sur l'ensemble de l'industrie et pourrait ralentir la transition écologique tant souhaitée par les pouvoirs publics.