Mathieu Lehanneur: «Il y a eu un déferlement médiatique dès le lendemain de la cérémonie d’ouverture»

Exposé au MoMa à New York dans les collections permanentes dès son projet de fin d’études en 2001, Mathieu Lehanneur, designer français, s’est immédiatement imposé dans le milieu de l’art contemporain. Son approche multidisciplinaire et novatrice n’a pas tardé à séduire les maisons de luxe telles que Cartier, Dior, Veuve Clicquot ou encore Audemars Piguet, qui ont fait appel à lui pour plusieurs projets de collaboration. En 2018, il lance sa marque éponyme et inaugure sa «Factory» aux portes de Paris cinq ans plus tard, un lieu regroupant son siège social, ses ateliers et un espace d’exposition.

En 2023, Mathieu Lehanneur s’est vu confier la mission de concevoir trois des objets les plus emblématiques des Jeux olympiques de Paris 2024: la torche et les vasques olympique et paralympique. Ce projet, au retentissement mondial, a non seulement permis au designer de faire découvrir son travail à des milliards de spectateurs, mais a aussi marqué un tournant décisif dans sa carrière. Quelque temps après cet événement historique et sa nomination en tant que «Designer de l’année 2024» par Maison&Objet, nous rencontrons Mathieu Lehanneur au Musée Olympique de Lausanne, pour revenir sur cette aventure exceptionnelle.

Mathieu Lehanneur, vous êtes à l’origine des trois objets emblématiques des Jeux de Paris 2024 regardés par des milliards de personnes. Comment avez-vous vécu l’engouement autour de ce projet?

Le plus intensément possible. Ça fait très longtemps que j’essaie de susciter des émotions à travers des objets ou des meubles, mais surtout, qu’ils touchent profondément mon public. Pour le projet des Jeux olympiques, c’était encore au-delà de mes espérances. Je parle évidemment de la torche, mais encore plus de la vasque olympique. Je me suis adressé à quelques milliards de personnes, ce qui est assez rare dans la vie d’un créateur, surtout dans un contexte d’événement planétaire où l’objet dévoilé prend une force considérable. J’ai reçu des dizaines de milliers de messages de gens émus et fiers, aussi bien de ma communauté existante que de personnes qui me découvraient dans ce contexte. Il y a eu un déferlement médiatique dès le lendemain de la cérémonie d’ouverture. Avec les Jeux olympiques, ma vitrine est devenue planétaire.

De quelle création, dans le cadre des Jeux de Paris 2024, êtes-vous le plus fier?

La vasque olympique. Personne ne se souvient très bien des vasques olympiques des années précédentes, je ne pense pas non plus qu’elles soient exposées dans les musées. Mon but était de faire en sorte que la mienne marque les esprits et vive toute la durée des Jeux. J’ai ressenti une immense joie et une grande excitation lors de la montée de la vasque olympique. J’ai travaillé avec les meilleurs de chaque discipline en termes de technique, d’ingénierie ou de développement de la flamme elle-même. Toute la phase de conception et de mise au point a été extrêmement riche et au moment du dévoilement, ça a été une vague d’amour absolument inimaginable.

Comment qualifieriez-vous ce projet au sein de votre carrière?

De nouveau, comme le projet le plus intense. Les enjeux sont tels qu’aucune minute de retard n’aurait pu être acceptée, tout devait être prêt et absolument sous contrôle. Il fallait que je sois à la hauteur quoi qu’il arrive. Il y a bien sûr un peu de stress, surtout au moment de la transmission de la flamme, il y a toujours une part d’imprévu. Puis le jour de l’ouverture, nous avons eu des conditions climatiques terribles. La pluie n’était pas un problème pour l’envol de la vasque, en revanche le vent pouvait l’être. Nous aurions alors dû prendre la décision de ne pas la faire décoller.