Magnifica, la collection haute joaillerie de Bulgari taillée à la mesure des grandes fortunes occidentales
Jamais encore dans l’histoire de la maison joaillière un si grand nombre de pierres précieuses hors norme par leurs volumes et carats n’avait été assemblé en une seule collection. Décryptage des ambitions du joaillier romain à l’ère post-Covid.
Nous avons décidé d’augmenter nos achats de très belles pierres, parce que nous sommes convaincus qu’il y a une clientèle pour ces produits
Jean-Christophe Babin, CEO de Bulgari
Comme un nouveau souffle qui gagnerait la capitale économique lombarde durement touchée par la pandémie, le patron de Bulgari Jean-Christophe Babin choisissait Milan pour présenter à la presse mondiale la dernière collection de haute joaillerie Magnifica. Faste et puissance étaient les maîtres- mots choisis par la marque pour frapper un grand coup dans le monde très feutré de l’ultraluxe. Premier grand événement organisé en présentiel depuis plus d’un an, c’est à la Scala de Milan, entièrement privatisée pour l’occasion, que les festivités étaient lancées par le joaillier romain. En journée, les clients venus d’Europe et du Moyen-Orient ont pu admirer de près et en toute discrétion les 120 pièces de la collection, totalisant pour certaines plusieurs centaines de carats. Car c’est bien sur ce point que la collection Magnifica surprend. Jamais encore, dans l’histoire de la maison, un nombre de pierres précieuses si important dans leurs carats n’avait été assemblé.
Magnifica est devenue le principal sujet d'un show filmé dans l'un des lieux les plus emblématiques de Milan, la Galleria Vittorio Emanuele II. A voir ici en replay (Director Tommaso Ottomano)
Créer toujours plus de valeur
«Cette collection Magnifica est avant tout la glorification de ce que la nature a créé» explique Jean-Christophe Babin en préambule. Mais très vite, l’expression des ambitions de la maison romaine dépasse le cadre esthétique, pour se porter sur la valeur patrimoniale des pièces de haute joaillerie présentées le 3 juin dernier. Le patron de la marque joaillière propriété du groupe de luxe LVMH poursuit: «Oui, l’idée est d’élever encore la valeur d’investissement de nos pièces, grâce à notre savoir-faire de très haute facture. Et il est vrai que, depuis trois ans, nous avons décidé d’augmenter nos achats de très belles pierres, parce que nous sommes convaincus qu’il y a une clientèle pour ces produits.» Une valeur qui se retrouve également dans le coût de certains bijoux, puisque plus de 30% de la collection se situe au-delà du million d’euros. D’ailleurs, le fameux spinelle de 131 carats, exceptionnel par sa taille, sa couleur et sa qualité, monté sur un collier en diamants et en émeraudes vaut, à lui seul, 16 millions d’euros.
Il y a vraiment eu de la part de nos clients un besoin de renaissance, de partager et d’acheter le beau, et surtout de retrouver le goût et l’envie de le porter
Lucia Silvestri, directrice artistique des bijoux Bulgari
«Le prix est déterminé en fonction du coût des pierres et les heures de travail, multiplié par un quotient. Évidemment, avant de lancer un collier à 16 millions d’euros, on réfléchit aux quatre à cinq clients qui pourraient l’acheter. Mais lorsque l’on regarde le cours de la Bourse, on sait qu’il y a potentiellement beaucoup d’argent. Et lorsqu’une personne a la chance d’avoir de l’argent à investir, souvent, elle ne se contente pas d’argent virtuel. Elle aime aussi investir dans quelque chose de beau, de durable et qui garde sa valeur. C’est la raison pour laquelle l’art est en croissance continue, car l’art, c’est du beau au quotidien, que ce soit un collier ou un tableau. La haute joaillerie bénéficie aujourd’hui énormément de l’augmentation des liquidités et de la richesse, qui paradoxalement avec le Covid a été très prononcée, mais totalement inégalitaire.»
Séduire les grandes fortunes occidentales
Mais qui sont donc ces clients qui peuvent aujourd’hui s’approprier ces beautés? Sur ce point, Jean-Christophe Babin est clair: «La joaillerie et l’horlogerie quotidiennes sont plus accessibles à l’ensemble des classes moyennes mondiales, dont la croissance est plus forte en Asie qu’en Occident – la raison étant purement liée aux évolutions démographiques et des économies. À l’inverse, la haute joaillerie, compte tenu de son prix moyen, est liée à la répartition des milliardaires dans le monde, laquelle est restée plus occidentale. Pour preuve, les grandes fortunes qui ont augmenté pendant le Covid ont été liées au digital et au luxe et donc principalement européen et américain.»
Le réseau des fournisseurs
Pour créer de l’extraordinaire, encore faut-il posséder des pierres d’exception. Tout l’art étant d’attirer les fournisseurs et de les convaincre de les céder. Cet atout a clairement été dans les mains de Lucia Silvestri, directrice artistique des bijoux Bulgari et responsable des achats de pierres précieuses.
Elle explique: «Je passe habituellement ma vie à sillonner la planète, à la recherche des plus belles pierres, dans les mines, sur les marchés, en Inde et ailleurs dans le monde. Évidemment, la pandémie a totalement ralenti le rythme, mais ne nous a pas empêchés de trouver des gemmes exceptionnelles. L’histoire du spinelle de 131 carats est incroyable. C’est un grand collectionneur de pierres précieuses qui m’a contactée, il y a trois ans. Je ne le connaissais pas personnellement, mais c’est un grand amoureux de la créativité de Bulgari. Peu enclin à vendre ses pierres, principalement toutes non montées, il souhaitait pourtant voir ce spinelle monté en collier par notre maison. Lorsqu’il m’a parlé et décrit la pierre, j’ai d’abord pensé à un bluff, car souvent, lorsque les pierres sont très grandes, elles ne sont pas extraordinaires en couleur ni en qualité. Je lui ai montré mon intérêt, tout en souhaitant voir la pierre. Il m’a alors envoyé par e-mail une petite vidéo. J’ai eu un coup au cœur en la voyant. Elle était si belle et parfaite. La couleur et la taille étaient exceptionnelles. Ce fut un plaisir immense de créer ce collier.» Quant à savoir si les grandes fortunes présentes à Milan ont été réceptives aux attraits esthétiques et patrimoniaux de la collection Magnifica, l’accueil a dépassé les attentes de la maison, aux dires de Lucia Silvestri : «Il y a vraiment eu de la part de nos clients un besoin de renaissance, de partager et d’acheter le beau, et surtout de retrouver le goût et l’envie de le porter.»
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