Luxe français: Pourquoi les Chinois freinent leurs investissements
Si la résilience de la valeur patrimoniale du luxe et la capitalisation sur son savoir-faire sont toujours des arguments qui poussent les groupes chinois à investir dans des marques de luxe, la mauvaise appréciation de leur gestion et le renforcement du contrôle des capitaux par le gouvernement chinois freinent les ardeurs. Enquête.
Après un pic d’acquisitions entre 2010 et 2018, on a pu observer un ralentissement en raison du durcissement des contrôles des investissements en dehors de la Chine
Bruno Grangier, Partner chez Leaf Legal
Jamais les Chinois n’avaient autant investi à l’étranger. Plus de 130 milliards d’euros à ce jour. Surtout en France, le second pays européen le plus attractif en termes d’investissements chinois, avec plus de 15 milliards d’euros en moins de vingt ans selon les chiffres du cabinet américain Rhodium Group. «Depuis une décennie, l’émergence d’une classe moyenne aisée en Chine a généré une demande exponentielle pour les produits de luxe, notamment français», analyse Bruno Grangier, Partner chez Leaf Legal, cabinet d’avocat basé à Paris et Shanghai qui est l’un des interlocuteurs privilégiés sur ces sujets pour la plupart des acteurs du secteur: «Ils bénéficient d’un prestige et d’un savoir-faire inégalés, notamment dans l’artisanat d’excellence, attirant naturellement les investisseurs chinois. Les cibles les plus connues sont les vignobles, l’immobilier haut de gamme avec une préférence pour l’hôtellerie ainsi que les marques de mode.»
Le luxe, un secteur résilient qui attire les investisseurs chinois
Ces dernières années, on ne compte plus les groupes chinois qui ont mis la main sur certaines des plus belles marques du luxe français, ST Dupont, Lanvin, le Club Med (Fosun), Clergerie, Rykiel, Carven, SMCP (Sandro, Maje, Kooples…), les Éditions Jalou… Dernièrement c’est Fortune Fountain Capital qui a avalé Baccarat. Et HNA, holding de la compagnie aérienne Hainan Airways a acquis plusieurs hôtels de luxe en Polynésie française. «L’acquisition de marques emblématiques permet aux investisseurs chinois de capitaliser sur cette tendance, tout en bénéficiant d’une expertise artisanale et d’un ancrage historique difficile à reproduire localement poursuit Bruno Grangier. C’est aussi une manière pour eux de diversifier leurs actifs à l’international, dans un secteur relativement résilient face aux crises économiques. Certains investisseurs ont eu pour projet de racheter des marques en France pour les développer sur le marché chinois. Max Mara, par exemple, y a renforcé sa présence, pour donner suite à des investissements chinois ». Cet intérêt n’est pas nouveau, mais ses formes évoluent dans le temps.
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