Durabilité

Les marques de sportswear qui misent sur le durable

Morgane Nyfeler

By Morgane Nyfeler07 février 2023

L'industrie des vêtements de sport ne manque pas d'idées pour empêcher le plastique de polluer l'environnement. Des marques font désormais le choix de n'utiliser que des tissus naturels performants et des matériaux biologiques sûrs.

Les vêtements de la marque Seela Studio sont fabriqués à partir de fibres de ricin (Seela Studio)

La triste réalité veut que les matières synthétiques issues de la pétrochimie représentent 62 % de toutes les fibres produites - le polyester étant le plus utilisé - et que d'ici 2030, ces tissus devraient représenter 75 % de la production mondiale de fibres pour l'habillement. Dans l'industrie du sportswear en particulier, où les fibres synthétiques sont appréciées pour leur résistance et leur souplesse à un prix abordable, le polyester, le nylon et l'élasthanne constituent le premier choix. Il est important de noter que ces tissus mettent des centaines d'années à se dégrader et ne seront jamais entièrement biodégradables, ce qui contribue aux 15,1 millions de tonnes de déchets textiles générés chaque année.

L'impact environnemental et sanitaire des tissus à base de plastique

Beaucoup de microplastiques rejetés dans les océans proviennent de textiles synthétiques (Shutterstock)

En 2015, adidas s'est associé à Parley for the Oceans pour transformer la source de pollution marine en vêtements de sport. Fin 2020, la marque a fabriqué plus de 30 millions de paires de chaussures à partir de bouteilles plastiques, répondant ainsi à un nombre croissant de consommateurs sensibles aux dommages environnementaux causés par le déchet plastique dans les océans. Un grand nombre de maisons ont suivi le mouvement et aujourd'hui, beaucoup d'entre elles proposent des tenues de sport fabriquées à partir de matériaux recyclés. Si cette évolution marque un pas dans la bonne direction et contribue certainement à la lutte contre les déchets synthétiques, elle soulève néanmoins le problème des microplastiques causés par le lavage fréquent des matières synthétiques.

S'inscrire

Newsletter

Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.

Nous voulons inspirer toutes les femmes conscientes de vivre en accord avec la nature

Ida Skarp, fondatrice de Seela Studio

En Europe, environ 8 % des microplastiques rejetés dans les océans proviennent de textiles synthétiques, et on estime que ce pourcentage peut atteindre 35 % à l'échelle mondiale. Lors du lavage, cinq kilos de vêtements synthétiques libèrent en moyenne neuf millions de microfibres emportées dans les canalisations avec l'eau de rinçage. Les microplastiques constituent également un risque potentiel pour les animaux et les humains ; ces particules ont été retrouvées dans notre alimentation, dans l'eau et même dans l'air que nous respirons, ce qui pourrait entraîner de graves problèmes de santé tels que des cancers liés aux hormones, l'infertilité et des troubles du développement neurologique.

Les vêtements Seela Studio sont fabriqués à l'aide d'une technologie de tricotage brevetée (Seela Studio)

Consciente de ces problèmes, Ida Skarp, fondatrice de Seela Studio, s'est efforcée de trouver un tissu capable de faire mieux que les matières synthétiques dans ses vêtements de sport haut de gamme. «Seela signifie montagne et force, explique-t-elle. Nous voulons inspirer toutes les femmes conscientes de vivre en accord avec la nature, de ressentir leur force intérieure et de donner la priorité à leur propre santé.»

Grâce à une technologie de tricotage brevetée, tous les vêtements sont fabriqués de manière responsable dans le nord de l'Italie à partir de fibres de ricin provenant de cultures en milieu naturel et de sources durables, aux propriétés antibactériennes et thermorégulatrices, qui apportent le même soutien, confort et biodégradabilité. Alors qu'une grande partie des sportswears contiennent des produits chimiques toxiques nocifs, les leggings et les hauts de Seela sont produits avec des teintures naturelles - chaque couleur soutenant un programme de développement durable auquel le label reverse 2 % de tous les achats.

Des matériaux naturels qui conviennent à l'entraînement

Fondés pour offrir une alternative à tous les vêtements de sport synthétiques qui dominent le marché, les vêtements de sport d'Iron Roots sont exclusivement fabriqués à partir de matériaux végétaux et véganes, ce qui permet d'économiser plus de 60 % des émissions de carbone pendant la production par rapport aux vêtements en polyester, selon la marque.

Il faut tenir compte à la fois de la fonctionnalité et du design pour créer des produits que les gens porteront réellement

Erik de Groot, cofondateur d'Iron Roots

«Mais la durabilité n'est pas suffisante pour créer ce changement, explique le cofondateur Erik de Groot. Il faut tenir compte à la fois de la fonctionnalité et du design pour créer des produits que les gens porteront réellement.» Le label utilise des tissus naturels qui ont des qualités uniques permettant d'apporter des performances maximales aux athlètes ; le chanvre, une plante polyvalente naturellement antistatique et antibactérienne, le TENCEL, une fibre innovante fabriquée à partir de bois certifié FSC qui garde la sensation de fraîcheur sur le corps, et le coton biologique utilisé en complément pour donner au tissu un toucher plus doux.

La marque Emyun utilise de la laine mérinos, un matériau naturel aux propriétés thermorégulatrices et antibactériennes (EMYUN)

Soucieux de polyvalence et d'élégance, le label suisse EMYUN a trouvé sa matière de prédilection dans la laine mérinos, un matériau naturel aux propriétés thermorégulatrices, antibactériennes et respirantes élevées, tout en nécessitant très peu d'entretien. «Nous avons commencé à travailler avec l'entreprise familiale Successori Reda 1865 dans le nord de l'Italie, qui se concentre sur les processus durables et a une longue histoire de conception de tissus haut de gamme, explique le fondateur Rodolphe Huynh. Grâce à une technologie innovante, ils ont pu développer un matériau performant et super doux pour les vêtements de sport.» La laine provient de source responsable de Nouvelle-Zélande et est expédiée en Italie une fois par an par bateau pour réduire son impact environnemental.

Des baskets qui tiennent la route

Qu'il s'agisse d'exercices en salle ou en plein air, les chaussures sont un élément essentiel de l'industrie du sport, mais c'est probablement celui qui génère le plus de déchets. 90 % de toutes les chaussures finissent à la décharge et si la chaussure était un pays, elle serait le 17e pollueur le plus important. De plus, la chaussure de course moyenne compte 65 pièces - la majorité étant fabriquée à partir de matériaux dérivés de combustibles fossiles - et nécessite plus de 360 étapes de transformation, ce qui en fait un produit à forte intensité de carbone et difficile à recycler.

La chaussure de la marque Hylo Athletics est biosourcée à 60% (Hylo Athletics)

Lancé en 2020 par l'ancien footballeur professionnel Michael Doughty, Hylo Athletics a pour mission de préserver l'avenir de la course à pied et du sport. Son idée: assurer la transition de tous ses produits vers des matériaux renouvelables - la chaussure Hylo Athletics est biosourcée à 60 % et composée de 16 pièces différentes - et atteindre la circularité à grande échelle. «Pour permettre cela, nous avons créé hyloop: notre plateforme numérique pour l'entretien, la réparation et le recyclage, explique Doughty. En tapant le logo hyloop sur l'un de nos produits, les clients sont transférés sur leur téléphone vers une plateforme unique où ils trouveront divers services pour améliorer leur expérience et augmenter la longévité de leurs chaussures. » Rassemblant une communauté de «Champions de demain», la marque fait évoluer les habitudes de consommation des athlètes avec des chaussures qui accompagnent leur passion, apportent une réelle valeur dans le temps et réduisent leur impact environnemental. 

Partager l'article

Continuez votre lecture

L’avenir de la mode: visions croisées entre Central Saint Martins et la HEAD
Stratégie

L’avenir de la mode: visions croisées entre Central Saint Martins et la HEAD

Fabio Piras et Lutz Huelle, respectivement directeurs des masters en mode de Central Saint Martins et de la HEAD, évoquent l’importance d’un enseignement ancré dans son temps.

By Morgane Nyfeler

La révolution de la mode durable à Hong Kong
Durabilité

La révolution de la mode durable à Hong Kong

Hong Kong se profile comme un pôle majeur de la mode durable grâce à une innovation révolutionnaire, une méthode de fabrication avant-gardiste et des créateurs qui changent la donne. La ville montre comment des partenariats de qualité entre les marques et la chaîne d’approvisionnement peuvent faire évoluer le secteur vers plus d’éthique.

By Morgane Nyfeler

S'inscrire

Newsletter

Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.

    Conçu par Antistatique