Les effets d’une hausse des taxes douanières sur le luxe

Les rapports commerciaux entre l’Europe et les États-Unis n’auront jamais été aussi tendus. La menace de taxer les produits européens à hauteur de 25% interroge les patrons des grands groupes de luxe français.

Selon le président Trump, le déficit commercial vis-à vis de l’Europe avoisinerait les 300 milliards de dollars, des chiffres contestés par la Commission européenne qui estime ce montant à 157 milliards de dollars.

Les effets de ces taxes pourraient s’avérer dévastateurs pour l’économie du Vieux Continent. Trump se limite-t-il à un bluff ou ses intentions sont-elles bien réelles?

Certaines activités seraient plus concernées que d’autres.

En première ligne, on retrouve l’aéronautique, qui représente 18% des exportations de produits français vers les États-Unis. Le secteur pharmaceutique, particulièrement ébranlé par la politique du ministre américain de la santé Robert Kennedy, suit, en pesant 9% sur la globalité des exportations. En troisième place, les vins et spiritueux représentent également 9% des exportations.

Si certains acteurs du luxe comme LVMH peuvent espérer échapper aux taxes en augmentant leur production dans leurs usines américaines, - ce que Bernard Arnault  semblait avoir l’intention de faire, suite aux annonces d’augmentation d’impôts en France - certains producteurs ne peuvent pas délocaliser à cause de la nature même de leurs produits.

Remy Cointreau et son cognac, par exemple, ne peuvent pas déplacer leurs vignobles, ainsi que les producteurs de champagne.

Concernant  LVMH, si la mode ou les parfums peuvent être délocalisés, il faut considérer que sa division Vins et spiritueux enregistre 40% de son chiffre d’affaires aux US.

Selon un rapport de l’agence Moody, 15% en moyenne des ventes des marques françaises de luxe sont générés sur le marché américain et représenterait 80 milliards d’euros de revenus pour les maisons de luxe françaises, selon le cabinet de conseil Bain & Company. En 2024, la France aurait exporté pour 1,8 milliard d’euros en articles de mode féminine haut de gamme, 2,8 milliards d’euros en produits de soin cosmétique et parfums et 1 milliard d’euros en sacs à main.

Quelles seront les choix opérés par les acteurs du luxe pour faire face à cette menace de guerre commerciale?

Selon l’agence Moody, certains groupes comme LVMH pourront encore supporter une contraction des profits, grâce à des marges élevées. Si le choix d’une hausse des prix devait être adoptée, les analystes estiment que la clientèle seraient suffisamment loyale envers certaines marques iconiques, pour éviter un repli de la demande.

La troisième voie d’une délocalisation de la production sur sol américain pourrait aussi être adoptée par certains, à l’image du géant L’Oréal, qui possède cinq grandes unités de production dans le pays. Le même choix pourrait toucher l’usine Louis Vuitton ouverte en 2019 au Texas. Mais d’autres groupes de luxe refusent cette hypothèse. C’est par exemple le cas de Hermès, ou de groupes prestigieux en mains familiales comme Clarins. 

Cependant, sur la lancée de l’exemple américain, d’autres marchés pourraient envisager une hausse de taxes douanières dans le futur, à commencer par la Chine. La réaction en chaîne pourrait s’avérer dévastatrice pour l’économie mondiale.