Les bijoux d’artistes, un phénomène qui prend de l’ampleur

Arles, Hôtel Particulier de la Fondation Lee Ufan. En préparation, le lancement le 1er juillet prochain d’un bijou par l’artiste contemporain coréen. Il s’est associé à la galeriste parisienne Esther de Beaucé : «C’est Lee Ufan qui a dicté ce tempo confie la spécialiste. Il était prêt à tenter l’aventure. J’étais sur les starting-blocks depuis des années. Sa fondation à Arles représente un écrin magnifique.»

Comment et pourquoi un tel projet est-il né? À quel moment un artiste aussi accompli, peintre, sculpteur, metteur en scène et écrivain se convainc-t-il de matérialiser son art subtil, conceptuel, expérientiel, dans un bijou? «Je suis en contact avec l’artiste depuis une dizaine d’années via son entourage, ajoute Esther de Beaucé. Je l’ai régulièrement invité à concevoir une «sculpture-à-porter». Ce n’est que début 2024 qu’il a accepté de relever le défi. Nous nous sommes rencontrés une première fois à la galerie, stylo à la main. J’ai ensuite élaboré des prototypes avec l’orfèvre parisienne qui m’accompagne très régulièrement et Lee Ufan les a validés. Le challenge était pour lui de relier l’ADN de son travail monumental aux problématiques du corps. Il a choisi la typologie de la boucle d’oreille pour réaliser son projet. Comme une extension mobile du lobe, la fine sculpture en or et diamant brut noir se balancera élégamment à l’oreille et relèvera, je l’espère, le défi de ce premier bijou d’artiste.»

Un exploit unique, tant il est vrai que les véritables bijoux d’artistes sont rares – donc précieux. On parle là de mini-sculptures, de petits chefs-d’œuvre. «En édition limitée, un bijou d’artiste requiert a minima l’intervention directe de l’artiste, explique la collectionneuse Diane Venet. Ce n’est pas une vague reproduction ou une interprétation, mais il s’agit d’une véritable œuvre d’art.» Diane Venet a réuni plus de 300 bijoux, tous signés des plus grands artistes modernes ou contemporains. Elle est l’une des plus importantes collectionneuses du monde et la personne qui a mis le bijou d’artiste, longtemps ignoré, sur le devant de la scène pour l’exposer dans les plus grands musées. Des galeries qui lui sont consacrées s’ouvrent à Paris et ailleurs. «Le bijou d’artiste a une saveur particulière, confie Esther de Beaucé. Il est bijou bien sûr, puisqu’il se porte, mais il a une valeur ajoutée formidable: il a été pensé par un artiste. De ce fait, il porte en lui une force, une monumentalité, une poésie qui l’emmènent au-delà du cercle des bijoux habituels. Il est bijou-sculpture. C’est le caractère spécifique de son créateur qui en fait une pièce extraordinaire.»