Le métavers traverse une crise identitaire
By Bettina Bush Mignanego09 février 2023
Si la réalité virtuelle est une révolution en marche, les chiffres montrent une vérité plus contrastée. Alors que la division Reality Labs de Meta consacrée au développement du métavers perdait 13,7 milliards de dollars en 2022, dont 4,3 milliards au quatrième trimestre, 141 mondes virtuels étaient globalement créés, selon une analyse de l’université Politecnico di Milano.
La révolution virtuelle à laquelle nous sommes tous confrontés peinerait-elle à décoller? Si les géants de la Tech ont tous dû procéder à de massives vagues de licenciement en 2022, les dernières perspectives des analystes sont plus optimistes. Début février 2023, à propos de Meta, les prévisions de revenus pour le premier trimestre étaient en ligne avec les attentes. Quant au métavers, l’emballement des débuts avait fait place en 2022 à une méfiance générale auprès du public. Pourtant, dernièrement, au CES de Las Vegas 2023, les innovations étaient presque intégralement tournées vers le Web3 et ses mondes virtuels, en dépit du marché baissier dans ce secteur.
Pour mieux comprendre la problématique, Serena Bertolucci, directrice du Palazzo Ducale de Gênes, en Italie – le plus grand centre culturel et d’exposition de la ville –, et Giovanni Verreschi, ingénieur et président-directeur général d’ETT, une société du groupe SCAI, nous donnent leur point de vue croisé sur le métavers, à la fois dans une perspective de créativité et dans une analyse technologique et économique du secteur. Sur ce point, il faut souligner que la société ETT a récemment organisé sa première exposition d’art dans le métavers, intitulée Meta Effect, à laquelle ont participé quatre artistes, ainsi que Serena Bertolucci et d’autres spécialistes du domaine. L’occasion d’une expérience immersive d’œuvres numériques, avec la possibilité d’interagir avec les artistes Corrado Zeni, Paolo Bonfiglio, Mark Cooper, et Gaia Midj, laquelle n’était pas l’avatar d’un véritable artiste, mais une intelligence artificielle, bien difficile à distinguer.
Naviguer dans le virtuel à l’aide d’un casque est une expérience étonnante, difficile à décrire en quelques mots. Quel a été votre ressenti en explorant l’exposition Meta Effect?
Serena Bertolucci: Lorsque j’ai reçu l’invitation, je me suis d’abord montrée méfiante, car je pense que le virtuel ne peut pas remplacer le réel. Je me suis ensuite rendu compte que cette même expérience dans le métavers se transforme en art, exactement comme dans une performance. Nous n’avons pas encore l’habitude de visiter ces mondes, mais si vous parvenez à les regarder avec de nouvelles perspectives, ils deviennent extrêmement stimulants.
Au Palazzo Ducale, vous organisez des expositions internationales, je pense aux plus récentes sur les artistes Maurits Cornelis Escher, Claude Monet et Rubens. Quel potentiel le métavers peut-il offrir?
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