Le luxe mise sur des talents féminins

Certaines marques prestigieuses ont fait le choix d’appeler à leur direction des femmes de tête. C’était encore le cas récemment chez Jacquemus, qui vient d’annoncer la nomination de Sarah Benady à la direction générale. La femme d’affaires a réussi un parcours exemplaire: après un passage remarqué chez Cartier à Hong Kong, puis au sein du groupe des grands magasins Printemps, Sarah Benady a endossé le rôle de  présidente de Celine Amérique du Nord.  Elle a contribué de manière significative au développement de la marque aux États-Unis, ainsi qu’à son positionnement dans le haut de gamme. Grâce à elle et au travail créatif de Hedi Slimane, Celine a passablement évolué sur plusieurs marchés clés.

Jacquemus, dont la volonté est de prendre le même virage stratégique, c’est-à-dire un positionnement toujours plus solide dans le segment du luxe et une expansion internationale très forte, a donc choisi Sarah Benady pour accomplir cette tâche. Elle a parfaitement compris que l’esprit innovant et audacieux de la marque seront les atouts à conserver pour élargir l’influence de Jacquemus, face à une conjoncture économique difficile et ainsi permettre à la marque un nouvel élan. 

Chez LVMH, un nouveau profil féminin vient également d’émerger, à la tête de la division haute joaillerie de Bulgari. Il s’agit de Corinne Le Foll, qui avait déjà fait ses preuves chez Cartier ainsi que chez Dinh Van. Le Foll a annoncé vouloir miser sur les collections les plus iconiques de la maison, une stratégie gagnante largement éprouvée chez Cartier, ces dernières années. Un choix stratégique qui devrait voir le secteur de la haute joaillerie croître encore, une nécessité face à l’impasse économique vécue récemment par le secteur du luxe.

La nomination de Corinne Le Foll confirme la tendance des grandes marques à choisir des profils capables de cerner les éléments qui constituent la force des marques, de respecter ce qui forge leur ADN, tout en les insérant dans une stratégie commerciale efficace pour booster la croissance; ces profils appartiennent bien souvent  à des femmes.

C’est également le cas de Leena Nair, à la tête de la maison Chanel depuis 2022. Son implication personnelle très forte dans les activités du groupe - elle a passé sa première année au sein de la maison à visiter tous les sites de production et plus de cent boutiques dans le monde - et sa capacité à faire rayonner la marque en misant sur son précieux héritage historique, lui ont valu, au début de cette année, les honneurs de la couronne britannique, puisqu’elle a été nommée Commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique.

Et pour terminer, c’est sur une femme que les rumeurs se penchent concernant le destin de la maison Gucci, fragilisée par une chute des performances commerciales ces dernières années. Le groupe Kering serait en effet intéressé par le profil de Maria Grazia Chiuri, qui vient de présenter au jardin de Tuileries sa nouvelle collection DIOR pendant la Fashion Week parisienne, et que certains prédisent comme le dernier défilé DIOR pour la créatrice italienne. Le destin de Gucci sera-t-il réécrit par des mains féminines ? Les yeux sont en tous les cas tournés du côté de Francesca Bellettini, qui, après avoir conduit la marque Saint Laurent au succès, est actuellement scrutée pour ses talents de stratège, elle qui occupe depuis septembre 2023, le poste de directrice générale adjointe en charge du développement des maisons du groupe Kering.

Dernier exemple stratégique de choix, parmi de nombreux talents féminins, concerne Ilaria Resta, à la tête de la marque horlogère suisse Audemars Piguet. Sa nomination avait fait grand bruit, à l’été 2023, lorsqu’il s’était agi de succéder au charismatique François-Henry Bennahmias. Après 22 ans de carrière chez Procter & Gamble et plus de 3 ans à la présidence de la division Parfum et Beauté de Firmenich, cette Napolitaine d’origine, très aguerrie au style managérial de P&G à la fois décentralisé et axé sur l’innovation, est attendue sur ses capacités à consolider les années de fulgurante ascension de la marque, tout en anticipant les difficultés économiques et géopolitiques qui compliquent les choix stratégiques horlogers, basés sur le temps long.