Le luxe en force à la Milan Design Week

Jean-Marc Pontroué, CEO de Panerai (groupe Richemont), témoigne de cet engouement: «Nous avons une bonne connexion avec Milan, symbole de créativité. […] Nous sommes enthousiasmés par ce partenariat qui s’aligne avec nos valeurs. […] Notre marque est constamment tournée vers la performance et l’innovation technologique.» En effet, qui mieux que Panerai – dont le cœur horloger est suisse, mais dont l’âme est résolument italienne –, pouvait être l’horloger officiel de la 62e édition du Salone del Mobile? Bien que native de Florence, Panerai a su s’implanter à Milan en offrant deux expériences notables aux visiteurs. L’une se déroule à la Casa Panerai, située à via Montenapoleone, en plein dans le centre névralgique du luxe de la capitale lombarde, l’autre à Rho Fiera, dans le cadre d’un pop-up store.

Cette année, plus que les précédentes, Milan devient, l’espace d’une semaine, l’épicentre du design et du luxe. En pleine ébullition, la cité plutôt industrielle, traditionnelle, classique, devient alors the place to be, selon les mots de Ricardo Guadalupe, CEO de Hublot (LVMH). Il avait déjà choisi ces dates et ce lieu de lancement l’an dernier pour faire connaître au monde son nouveau modèle en collaboration avec l’artiste suisse Maxime Plescia-Büchi. Cette année, Hublot est partenaire de House of Switzerland pendant le salon. Elle y a installé un mur afin de présenter le Hublot Design Prize au milieu d’installations concoctées par des designers et organise une soirée très courue. Mais qu’ont-ils donc tous à investir Milan et à y organiser des événements lors d’une semaine déjà bien chargée?

Hermès, Tods, Roberto Cavalli sont des habitués – depuis 2011 pour Hermès – des objets ou des initiatives qui se raccrochent au design. «Bien qu’elle ait lieu juste une semaine après le salon de Genève, cette semaine est incontournable pour les marques d’horlogerie comme les nôtres. Le public est très différent, plus arty, branché, international, moins trade», témoigne Manuel Emch, à la tête de Louis Erard. Une maison qui multiplie les éditions et les collaborations avec de grands artistes comme le conceptuel helvétique Olivier Mosset, mais aussi des architectes et designers. Cette année, Louis Erard présente en exclusivité à Milan sa collaboration avec atelier oï. Mais il ne sera pas le seul horloger à vouloir s’adresser aux grands clients internationaux ou à la presse.

La marque horlogère japonaise Grand Seiko s’est positionnée en partenaire officiel de la Design week cette année. «Causes en mouvement: réflexions sur l’équilibre entre la nature et l’homme» est le titre de l’installation expérientielle que la maison nippone a installée à Casa Brera, en plein cœur du district éponyme, véritable hub des événements. Horloger officiel de Brera Design district et de Fuorisalone encore pour deux ans, Grand Seiko réinterprète le thème choisi pour l’édition 2024, «Matière nature» en proposant au public dans un format unique et original, une exploration du lien qui unit ces deux éléments. Un écho à la philosophie de la marque qui exprime « La nature du temps ». «Le design est un élément qui a toujours fait partie de l’ADN de Grand Seiko», commente Frédéric Bondoux, président de Grand Seiko Europe. La semaine du Fuorisalone représente un important moment de dialogue avec le public. C’est utile pour exprimer et partager l’essence même de notre marque. Grand Seiko, à travers sa philosophie inspirée par la nature, apporte à ses montres l’idée très japonaise que le passage du temps est à la base de toute évolution. Un concept résumé par le motto «Vivant dans le temps». Les visiteurs auront l’opportunité d’admirer le nouveau tourbillon Kodo force constante, exposé toute la semaine.

Pour les grandes marques de luxe, il est devenu incontournable de se rendre à Milan. Cette année, ce sera avec émotion que l’on découvrira ce que le couturier Roberto Cavalli, tristement décédé il y a quelques jours, avait préparé pour une avant-première: la «ray of gold print», issue de la nouvelle collection. L’imprimé recouvre le tramway des rues de Milan, et le café Condé Nast, Piazza Cordusio porte également les couleurs de la maison de mode.

De son côté, Hermès invite à «s’extraire du temps – tout en gardant les pieds sur terre». La marque présente ses nouvelles créations en regard de pièces de mobilier ou d’objets issus de son important patrimoine historique. Le véritable style ne se joue-t-il pas des années et des modes? On y retrouvera la casaque, symbole fort de la passion équestre de la maison, et de son attachement à l’artisanat de la sellerie et de la maroquinerie.

Grâce à toutes ces initiatives, la capitale lombarde qui célèbre le design depuis près d’un siècle est en pleine renaissance. Les marques de luxe y déploient des trésors d’imagination et dépensent sans compter. Une tendance en ligne avec la dernière annonce du groupe Tods: financer la restauration de toutes les façades du palais Marino, et en tout plus de 5000 mètres carrés, dont 2000 mètres autour de la vénérable cour d’honneur, dont certains éléments architecturaux remontent au XVIe siècle. «Nous sommes particulièrement fiers et heureux de faire quelque chose d’important et de concret pour Milan, assure Diego Della Valle, président et CEO du Groupe Tod’s. La restauration du Palazzo Marino, que tous les citoyens considèrent comme leur propre maison, nous permet de donner un signal fort de respect et de gratitude envers Milan et les Milanais.» Le tout salué par le maire de la ville, Giuseppe Sala, qui a souligné que: «Chaque année, le cœur de la ville est plus vivant que jamais, plus contemporain et de plus en plus attractif.»