Le jersey japonais (OJJ) promet une longévité à toute épreuve
By Bettina Bush Mignanego21 décembre 2021
Le jersey japonais OJJ (Original Japanese Jersey) a le vent en poupe. Ce matériau innovant, dont le groupe italien de mode FGF Industry possède l’exclusivité, permet aujourd’hui aux marques du pôle transalpin de se différencier, la marque Ten C en tête.
Chercheur invétéré, expert en matières techniques, l’industriel et designer de mode italien Enzo Fusco est le propriétaire du groupe FGF Industry fondé en 2001. Le pôle, qui intègre les marques Blauer (50% des parts), BPD (Be Proud of this Dress), Ten C et Prince Tees annonce clôturer l’année sur une hausse du chiffre d’affaires de 20% à 60 millions d’euros et environ 250 magasins dans le monde. L’entrepreneur s’est toujours passionné pour les matériaux et les processus innovants. Véritable collectionneur de vêtements techniques et militaires, il a constitué au fil des ans des archives de plus de 40 000 pièces qui l’inspirent au quotidien, pour créer des vêtements très résistants. «Ma spécificité est de continuellement innover, explique Enzo Fusco, la recherche est la base de tout mon travail. La fibre appelée « OJJ », née au Japon est par exemple un jersey très résistant. C’est le pivot de nombre de nos collections. Nous sommes aujourd’hui à même de réaliser des teintures écologiques. Je compare ce jersey à un denim de qualité, car plus vous utilisez ce matériau, plus il devient beau.»
Ma spécificité est de continuellement innover, la recherche est la base de tout mon travail
Enzo Fusco, propriétaire du groupe FGF Industry
Dans une interview accordée à «Luxury Tribune», Enzo Fusco décrit les stratégies de son groupe, notamment pour la marque italienne Ten C, fondée en 2010 par Alessandro Pungetti et reprise par FGF Industry en 2019, dont l’unicité est de miser sur les vêtements réalisés avec la fibre OJJ. Ce matériau performant est constitué de fibres de nylon et de polyester, tricotées à haute densité pour créer une structure très résistante au vent et à l’eau. Pour l’automne, il a été décliné en différents poids, 12 oz et 11 oz, tandis que pour le printemps et l’été, il passe à 9 oz. Il y a les vêtements d’extérieur, les pantalons, les sweat-shirts et les bermudas pour les climats chauds, toujours dans un segment de luxe. Des vêtements différents, facilement reconnaissables, mais sans logo. Dans la catégorie OJJ 12 oz, il y a par exemple la veste Smock Snow, sans ceinture de taille ; pour les climats plus froids, il y a la parka Deco Down, en nylon tactel, un modèle inspiré de la Flying Jacket N-3 qui protégeait les équipages en vol dans leur habitacle non chauffé.
Pour le printemps, il y a beaucoup de pantalons et de sweat-shirts en OJJ, ainsi qu’une collaboration avec Gang Box, le nom de scène de Moda Garrison-Msingwana, une artiste et illustratrice qui vit à Toronto, au Canada, qui innove en mêlant différents langages entre art et mode ; il s’agira d’une collection de 3 t-shirts et d’un sweat-shirt, en noir et blanc avec une touche du classique orange de Ten C, qui privilégie des couleurs sans excès.
Quelles sont, selon vous, les caractéristiques gagnantes de ce matériau, l’OJJ, qui connaît un succès considérable?
Sa qualité et sa beauté. Elle est née au Japon, un pays au goût très raffiné, et je suis heureux d’en avoir aujourd’hui l’exclusivité. Cette fibre parvient à s’adapter à la forme du porteur et, grâce à nos procédés de teinture, elle possède cette couleur unique qui s’use légèrement, vit et change au fur et à mesure que la personne porte le vêtement. L’OJJ permet de travailler différents poids de fibres pour être adapté aux climats les plus froids et les plus chauds.
Quels ont été les développements de la marque Ten C en 2021?
Elle s’est très bien développée, nous prévoyons de doubler sa production. En 2020, nous avons pris des risques au niveau du groupe, nous avons passablement investi, nous nous sommes réorganisés, mais cela en valait la peine. Toutes nos marques se portent bien, je pense également à notre marque historique Blauer qui a continué à croître régulièrement de 15%, même ces dernières années. Et nous constatons les mêmes chiffres positifs dans tous les pays, aux États-Unis, en Italie, au Royaume-Uni, en Corée et au Japon. D’ailleurs, au Japon, la marque avait réussi à bien s’imposer, grâce entre autres à la fructueuse collaboration que nous avions engagée avec le designer Kitose Abe, propriétaire de la marque japonaise Sacai, sur une collection capsule qui a très bien marché. Elle avait été créée avec la fibre OJJ, des modèles qui combinent des vêtements sportifs et militaires, de la Parka à l’Anorak Tempest et à la doudoune.
Pouvez-vous nous parler de la durabilité qui distingue FGF Industry et OJJ?
Nous avons été les premiers à penser à des doudounes écologiques de qualité supérieure. Pour Ten C, nous avons pu développer des teintures écologiques innovantes. On remarque également que le duvet écologique commence à bien se développer ces dernières années. De plus, nous avons l’ambition, notamment avec Ten C, de fabriquer des habits qui peuvent durer éternellement, qui ne sont pas liés à une mode éphémère. Aujourd’hui, les gens recherchent quelque chose de qualité, confortable, pratique et beau à porter, qui a de l’allure sur la personne qui le choisit.
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