Durabilité

Le développement durable à l’honneur du 36e Festival de Hyères

Morgane Nyfeler

By Morgane Nyfeler11 novembre 2021

La durabilité était au cœur des préoccupations du Festival de mode et de photographie de Hyères 2021. Un nouveau prix venait même couronner la thématique, permettant aux dix créateurs en lice de bénéficier d'un encadrement spécial afin de repousser les limites des matériaux durables et de l'innovation.

Le festival de Hyères a créé cette année un nouveau prix consacré à la durabilité (Fiona Torre)

Pour sa 36e édition, reprogrammée en octobre et exposée jusqu'à fin novembre, le festival accueillait Louise Trotter, directrice de la création de Lacoste, à la tête du jury, qui comptait également le créateur star Christian Louboutin et la photographe française Dominique Isserman. Tous ont reconnu la profonde préoccupation des finalistes pour l'environnement, la durabilité et le recyclage.  «C'est une période très difficile pour les jeunes créateurs, expliquait Louise Trotter au média Vogue Business, non seulement en termes de méthode de travail, mais aussi en raison du climat économique et politique»

Un nouveau prix récompense la mode durable

Yann Tosser-Roussey, lauréat du Prix Hermès crée des bijoux imprimés en 3D à partir de PLA, un polymère produit à partir de ressources renouvelables telles que les déchets végétaux (Clément Philippe)

Parrainé par Mercedes-Benz, le Prix de la durabilité soutient les créateurs en vue qui ont intégré des pratiques éthiques et durables au cœur de leur travail et qui s'engagent à trouver des solutions créatives pour produire de manière responsable. Fashion Open Studio, une plateforme de présentation et de mentorat lancée par le plus grand mouvement d'activisme de la mode au monde Fashion Revolution soutient également l’initiative. En lien avec la plateforme, deux sessions sur la thématique de la durabilité avaient été organisées numériquement cet été avec l'ensemble du groupe de créateurs, sous la direction de la cofondatrice et directrice de la création de Fashion Revolution, Orsola de Castro, et de la conservatrice des projets spéciaux, Tamsin Blanchard. La formation s’était concentrée sur les notions de transparence, d’inclusion, d’upcycling, d’innovation technique, de développement de matériaux et de mise en place de chaînes d'approvisionnement durables. «Le mentorat de cette année a été l'un des plus passionnants de toute ma carrière! déclarait Orsola de Castro. J'ai pu observer comment les designers ont intégré dès le départ l'éthique et la durabilité, puis comment leur engagement a évolué après la première session de mentorat. Leur niveau de travail et d'exploration créative était vraiment exceptionnel.»

L'approche créative et durable des jeunes designers

C'est pour son approche visant à réduire au minimum les chutes de tissu grâce à sa technique de vêtements transformables, que la créatrice finlandaise Sofia Ilmonen a remporté, à l'unanimité, le Prix de la durabilité et gagné, par la même occasion, une subvention de 20 000 euros du sponsor Mercedes-Benz. Les raisons? Sa collection Same Same But Different utilise un concept de design modulaire, qui permet de transformer chaque vêtement en fonction des goûts et des besoins de la personne qui le porte.

La créatrice finlandaise Sofia Ilmonen a remporté, à l'unanimité, le Prix de la durabilité (Juho Huttunen)
Adeline Rappaz, ancienne élève de la Haute Ecole d'art et de design de Genève, a remporté le Prix du public pour sa collection punk et baroque entièrement réalisée à partir de matériaux recyclés (Fiona Torre)

«L’idée essentielle au début du processus de création était de savoir comment la notion de mode durable compatible avec les thèmes de longévité et de stabilité, pouvait dialoguer avec celle, quelque peu contradictoire, d’une mode synonyme de changement» explique Sofia Ilmonen. La créatrice a réussi à fusionner ces deux contrepoints, en créant des vêtements composés de modules carrés de même taille assemblés à l'aide de boutons et de boucles qui permettent des modifications et des ajustements infinis et adaptables aux différents types et formes de corps. De plus, sa collection utilise des tissus provenant de sources durables et des teintures végétales pour créer des couleurs riches et intenses, témoignant d'un dévouement à l'artisanat, chaque pièce étant méticuleusement finie à la main. «J'ai l'intention de lancer ma marque au début de l'année prochaine, ajoute Sofia. Le prix, mais aussi le mentorat et les encouragements permettront à ma pratique d'aller encore plus loin.»

Le designer britannique Ifeanyi Okwuadi, Grand Prix du Jury de Première Vision a célébré le savoir-faire anglais (Fiona Torre)

Le designer britannique Ifeanyi Okwuadi a, quant à lui, remporté le Grand Prix du Jury de Première Vision, grâce à la présentation de sa collection de vêtements pour hommes d'inspiration militaire, célébrant le savoir-faire anglais et l'héritage de matériaux tels que le Harris Tweeds et la laine, ainsi que le lin européen. Le créateur avoue d’ailleurs «avoir complètement retravaillé l’ensemble, à la suite de la cession de mentorat dispensé par le Fashion Open Studio. J’ai séparé l'extérieur, la doublure et retiré le dos des vêtements pour montrer le temps, le travail et la construction nécessaires à la fabrication d'un vêtement.»

La collection de la créatrice lettone Elina Silina, lauréate du prix Chloé et intitulée For Sally a notamment utilisé des fils provenant du placard de sa grand-mère et de magasins d'occasion (Fiona Torre)

La plupart des collections ont su restituer une esthétique du recyclage. La créatrice lettone Elina Silina, lauréate du Prix Chloé pour sa collection intitulée For Sally a notamment utilisé des fils provenant du placard de sa grand-mère et de magasins d'occasion avec lesquels elle a créé une robe blanche réalisée au crochet faisant particulièrement écho au style de la maison française. De son côté, Adeline Rappaz, ancienne élève de la Haute Ecole d'art et de design de Genève, a remporté le Prix du public pour sa collection punk et baroque entièrement réalisée à partir de matériaux recyclés.

La collection de bijoux de Capucine Huguet, lauréate du prix du jury (Patrice Maurein)

Au même titre que la mode, la durabilité a influencé la catégorie des accessoires. La collection de bijoux de Capucine Huguet, lauréate du Prix du Jury, témoigne de la grande recherche et du travail nécessaire à la réalisation de chaque pièce complexe et très structurée. Inspirée par la fonte des glaces liée au réchauffement climatique dans la région de l'Arctique - où la créatrice a rencontré des scientifiques - chaque bague met en lumière la problématique. Fabriquée à la demande pour éviter la surproduction, elles sont réalisées uniquement en or et en argent recyclé et de pierres traçables. «Cette reconnaissance m'a apporté une large couverture médiatique et me permettra de continuer à créer et à sensibiliser à l'urgence climatique», déclarait Capucine à la suite de la remise du prix.

Quant à Yann Tosser-Roussey, lauréat du Prix Hermès, il a été récompensé pour ses accessoires imprimés en 3D à partir de PLA (un polymère produit à partir de ressources renouvelables telles que les déchets végétaux).  Cette technologie lui permet de mouler des formes extrêmes avec une texture originale "griffée" et de repousser les limites du design et du dimensionnement des bijoux sans poids supplémentaire. Il conclut: «Le festival m'a permis d'échanger avec différentes personnes, de recevoir des retours et des encouragements sur mon travail et d'observer leurs réactions, ce qui ouvre de fabuleuses perspectives!»

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