La zone grise

«La zone grise entre le noir et le blanc, c’est la couleur Off-White». Cette définition, que Virgil Abloh donnait à sa marque est un manifeste qui inspirera encore longtemps les générations futures. Sa capacité à juxtaposer les mondes, les faire dialoguer pour montrer la voie vers un mode de pensée inclusif est ce qui restera de son travail. La cocréation comme une performance artistique entre lui, les marques et ses publics, c’est ce qui faisait son succès. C’est aussi ce qui fait l’enjeu du luxe. Sa capacité à engager le consommateur dans un sentiment de cocréation, d’appropriation du beau, de ses valeurs, dans un monde ouvert, universel. C’est aussi ce qui permet de comprendre pourquoi le métavers est central dans la réflexion des marques aujourd’hui. Une zone grise aux univers d’expression illimités, là où le design de vêtements, de mobilier, d’œuvres d'art, d’architecture est pensé dans une dimension virtuelle sans limite d’accès, ouvert.

Une nouvelle dimension qui inspire déjà des centaines de start-ups, à l’image de celles qui se sont retrouvées, il y a quelques semaines à Lugano, pour participer au Fashion Innovation Award 2021, en lien avec le Lifestyle-Tech Competence Center tessinois. Membre du jury, j’ai pu constater l’immense potentiel de développement qu’offre ce monde en devenir. C’est une prochaine réalité qu’il faut regarder avec optimisme. Ce même optimisme qui caractérisait Virgil Abloh et dont Samuel Ross, designer anglais ultra doué, rencontré il y a peu disait: «son travail était ce dialogue constant entre optimisme, grâce et intelligence. Il offrait une perspective sociétale sur la façon dont le design peut être utilisé comme un instrument de changement et comment le luxe peut vraiment jouer un rôle d'inspiration et de grande valeur.»