Le luxe se porte bien. Et ses valeurs boursières positives démontrent sa solidité, sa résilience et la confiance des investisseurs dans le secteur, à l’exemple d’Hermès dont le titre a réalisé une performance de 75% en 2021. Mais cette stabilité n’est pas une valeur acquise. Deuxième marché du luxe derrière les Etats-Unis, la Chine sera observée pour sa capacité à faire face à l’importante incertitude du marché immobilier qui frappe le pays, en partie causée par les déboires du promoteur Evergrande Group. Encore en grande difficulté en ce début janvier 2022, sa capacité à s'acquitter de ses dettes de plus de 300 milliards de dollars est aujourd’hui clairement remise en cause. L’accès à la propriété est prédominant en Chine (80% des richesses des ménages urbains sont liées à l’immobilier résidentiel) et une potentielle chute des prix de l’immobilier risquerait de perturber la stabilité sociale et par effet de domino la consommation, et par extension celle du luxe.
Autre facteur d’incertitude, les flux touristiques liés à la pandémie. D’après l’OMT (Organisation Mondiale du Toursime), les arrivées de touristes internationaux en 2021 demeurent entre 70% et 75% en dessous des niveaux de 2019, une baisse comparable à celle de 2020. Bien sûr, la consommation locale peut endiguer en partie la problématique. Selon la dernière étude Bain & Company, aux Etats-Unis par exemple, la demande locale devrait peser entre 65% et 70% de la consommation du luxe d’ici 2025. Les Amériques étant désormais le plus grand marché mondial du luxe, totalisant 89 milliards d'euros, soit 31% de la consommation globale, et la Chine le deuxième plus important avec 60 milliards d'euros, soit 21% du marché mondial, on comprend mieux pourquoi capitaliser sur la demande locale dans ces deux régions du globe est primordial et pourquoi, par extension, un renchérissement des prix des biens du luxe est constaté.
Troisième incertitude, la flambée récente des cours du pétrole, la perturbation des chaînes d’approvisionnement et par enchaînement l’inflation menaçante peuvent potentiellement perturber la reprise du marché des produits de luxe (+29% à taux de change constant en 2021 par rapport à 2020 et +1% par rapport à 2019) atteignant 283 milliards d'euros.
On le voit, la stabilité du luxe n’est pas acquise. Les marques qui n’auront pas pu opérer les changements nécessaires à contrer les incertitudes décrites seront sous stress en 2022.
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