Kering voit son chiffre d’affaires chuter de -10% au premier trimestre 2024

François-Henri Pinault, directeur du groupe de luxe, n'était probablement pas surpris par les résultats annoncés mardi: «la performance de Kering s'est fortement détériorée au premier trimestre. Alors que nous prévoyions un début d'année difficile, les conditions de marché, notamment en Chine, et le repositionnement stratégique de certaines de nos maisons, à commencer par Gucci, ont accentué la pression sur notre chiffre d’affaires».

C'est ainsi qu'il a commenté la chute subie par le chiffre d’affaires de Kering au premier trimestre 2024. Les chiffres qui viennent d’être affichés ne font en effet que mettre en lumière les difficultés traversées par le géant du luxe depuis plusieurs mois, générées surtout par les mauvaises performances de la maison Gucci, qui représente la plupart des revenus du groupe.

Si le chiffre d’affaires général de Kering correspond à 4,5 milliards d’euros (-11% en données publiées et -10% en comparable), Gucci plonge davantage, avec un premier trimestre qui se termine sur 2,1 milliards d’euros de ventes (-21% en données publiées et -18% en comparable). Malgré le bon accueil dont a bénéficié la nouvelle collection présentée par le directeur artistique Sabato Di Sarno, la maison iconique de Kering a été surtout pénalisée par le recul des ventes en Asie.

La marque italienne est encore en train de poursuivre sa réorganisation et de reconstruire son identité, aujourd’hui plus tournée vers le «quiet luxury», après le départ du styliste Alessandro Michele.

Yves Saint Laurent affiche également des résultats mitigés au premier trimestre 2024: les ventes s’élèvent à 740 millions d’euros, en baisse de -8% en données publiées et de -6% en comparable. Les ventes de Bottega Veneta s’affichent en revanche à 388 millions d’euros (-2% en données publiées et +2% en comparable), en révélant une certaine stabilité, rendue possible grâce au bon accueil que les marchés américain et européen réservent à la marque.

En ce qui concerne les autres maisons, le résultat s’affiche à 824 millions d’euros (-7% en données publiées et -6% en comparable). Balenciaga sort très doucement de la tourmente: les publics européens et japonais semblent renouer progressivement avec la marque pénalisée par une mauvaise exposition médiatique et des ventes en recul. Le secteur de la joaillerie (en particulier la maison Boucheron) se porte en revanche plutôt bien, tout comme «Kering Eyewear» qui affiche 463 millions d’euros de ventes, en hausse de 8% en comparable.

Le groupe de luxe continue sa stratégie d’investissements massifs et de restructuration de maisons, ce qui pèsera sur les résultats financiers tout au long de l’année et en particulier au premier semestre. Kering anticipe d’ailleurs un recul de son chiffre d’affaires pour les six premiers mois de 2024 d’environ -40 à -45% par rapport à la même période de l’année dernière, en assumant la volonté de poursuivre les dépenses prévues pour stabiliser la croissance à long terme des marques de son portefeuille.

Le ralentissement global du marché du luxe et la stratégie d’investissements planifiée par Kering ne permettront donc pas au groupe d’afficher des performances financières remarquables encore pendant plusieurs mois.