Kering vise la haute joaillerie Vhernier après Valentino

Kering s'apprête à bouger un autre pion stratégique sur l'échiquier du luxe : le groupe français envisage d’acquérir 49% des parts de Vhernier, une prestigieuse maison italienne de haute joaillerie située à Valenza, dans le «district de l'or» du Piémont. Bien que Kering reste discret, comme à son habitude lors de grandes opérations financières, l'information a été révélée par MFF (MF Fashion), un média transalpin italien dédié aux professionnels de la mode et de l'univers du luxe.

Cette acquisition potentielle intervient peu après que Kering a annoncé une prise de participation de 30% dans la Maison Valentino, transaction conclue il y a à peine une semaine pour un montant de 1,7 milliard d'euros. Ces mouvements illustrent la stratégie adoptée par Kering pour contraster la tendance de ses récents résultats financiers moins brillants. Le groupe a rapporté un bénéfice net de 1,785 milliard d'euros pour le premier semestre 2023, en baisse par rapport aux 1,988 milliards enregistrés le premier semestre de l'année précédente.

Reconnue pour son savoir-faire artisanal transalpin italien, Vhernier est actuellement sous la houlette de l'homme d'affaires et collectionneur d'art Carlo Traglio. La maison dispose d'une boutique à Paris, rue Saint Honoré, et bénéficie d'une excellente réputation, notamment parmi les marques françaises emblématiques telles qu'Hermès, qui lui a confié la création de sa ligne Centaure. Label de niche, Vhernier se distingue par ses collections phares telles que Calla, Pirouette, Palloncino, entre autres, avec des pièces dont les prix s’échelonnent entre 1 000 et 10 000 euros.

Sévèrement impactée par la pandémie, la société qui générait plus de 30 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2019, n'a pas encore retrouvé son chiffre antérieur à la crise sanitaire, mais l’intégration dans le portefeuille de Kering pourrait propulser la marque sur la scène internationale.

En toile de fond, cette acquisition souligne une tendance croissante: les grands groupes français, financièrement plus solides, rachetant des marques de niche italiennes. Ce phénomène suscite régulièrement des réactions négatives de la part de la presse italienne, mécontente d'assister à la dispersion du patrimoine culturel et des savoir-faire artisanaux entre les mains de réalités économiques étrangères.