Grands magasins: alors que les Galeries Lafayette investissent, Fondaco dei Tedeschi ferme
By Eva Morletto26 novembre 2024
Après avoir traversé «plusieurs crises profondes», les célèbres Galeries Lafayette se donnent un nouveau souffle. L’investissement, dont le quart sera attribué à Paris Haussmann, servira à remoderniser les points de vente et à se développer sur d’autres continents. Le modèle des grands magasins doit pouvoir se réinventer, même si certains, à l’image du Fondaco dei Tedeschi, à Venise, n’ont pas résisté aux crises.
Le climat est au renouveau pour les grands magasins européens de luxe qui ont pour la plupart dévoilé leurs plus belles vitrines de Noël. Selon les déclarations du président du directoire des Galeries Lafayette Nicolas Houzé, dans une interview donnée à l’hebdomadaire économique La Tribune, le groupe français, qui célèbre ses 130 ans cette année, investira à nouveau 400 millions d’euros pour rendre ses lieux de vente plus modernes et plus attractifs. Cent millions d’euros seront exclusivement consacrés aux travaux de l’adresse iconique du boulevard Haussmann à Paris.
L’investissement s’étalera sur les cinq années à venir. Parmi les intentions exprimées par les dirigeants, on retrouve la volonté d’augmenter l’offre sur l’espace numérique, ainsi que le développement de la présence à l’étranger. L’Inde, la Chine, l’Indonésie et le Moyen-Orient font partie des nouvelles cibles. L’année prochaine, la ville de Mumbai verra l’inauguration d’un nouveau grand magasin de l’enseigne et l’opération se répétera à New Delhi l’année suivante.
En 2023, les Galeries Lafayette ont enregistré un chiffre d’affaires de 3,65 milliards d’euros tandis que le magasin de Paris Haussmann, considéré comme le «navire amiral», a enregistré à lui seul 1,9 milliard de ventes. C’est plutôt une bonne nouvelle, au vu de la conjoncture actuelle et des années difficiles vécues précédemment, entre crises sociales en France et crise sanitaire mondiale.
Ces derniers temps, l’univers de la distribution, des hypermarchés aux grands magasins de luxe, vit une profonde remise en question. Les stratégies de vente doivent être repensées face à une multitude de facteurs qui mettent en péril la pérennité de ces modèles. Parmi ces causes, il y a une certaine difficulté à renouer avec la croissance après la pandémie mondiale, le phénomène de la baisse du travel retail et la montée en puissance de l’e-commerce.
D’autres n’ont pas résisté à la tempête, à l’image de Fondaco dei Tedeschi, multimarque géré par DFS (la filiale du groupe LVMH qui gère aussi La Samaritaine à Paris). Le grand magasin avait ouvert à Venise en 2016, mais il a annoncé qu’il ne renouvellera pas son bail qui expirera en septembre 2025. Ce temple du shopping de luxe qui abritait 750 marques haut de gamme fermera définitivement ses portes au premier semestre de l’année prochaine et prévoit le licenciement d’environ 220 salariés. Les dirigeants ont évoqué «la situation critique vécue par le travel retail à l’échelle mondiale».
Toutefois, d’autres se sont montrés plus résilients. C’est le cas du mythique grand magasin Harrod’s à Londres. Son chiffre d'affaires a atteint l'an dernier un montant proche des 900 millions de livres, soit à peu près 1 milliard d'euros, profitant d’un retour en force des acheteurs internationaux, malgré l'impossibilité pour eux de profiter d'achats détaxés.
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