Georgia O’Keeffe à la Fondation Beyeler: un voyage sensoriel

Artiste pionnière qui a marqué l’histoire de l’art américain, Georgia O’Keeffe est notamment célèbre pour ses peintures de fleurs grand format qui ont influencé l’iconographie féministe, mais pas seulement. Elle a su développer un langage moderniste propre, un traitement très formel entre la figuration et l’abstraction, ce qui rend ses toiles particulièrement puissantes et attirantes. Elle pose les couleurs et les formes avec virtuosité, et ça n’a définitivement pas le même impact sur petit écran qu’en situation d’exposition.

La rétrospective, à visiter actuellement à la Fondation Beyeler à Bâle, nous invite à re/découvrir l’œuvre et la vie de O’Keeffe. La scénographie est simple et efficace, des textes pertinents guident le public avec douceur et générosité dans le travail et la sensibilité de l’artiste grâce à un parcours chronologique et géographique. Le temps ralentit, et on regarde, vraiment.

On pourra y admirer entre autres Jimson Weed/White Flower No. 1, le tableau qui a battu en 2014 un record mondial aux enchères pour une artiste femme, vendu à plus de 44,4 millions de dollars chez Sotheby’s, ce qui aura permis à la maison de détrôner sa rivale Christie’s sur ce point.

Malgré une dernière salle qui peut donner l’impression d’un certain essoufflement, la rétrospective réussit son pari: un voyage prenant et sensoriel qui suscite l’envie de partir fouler les terres arides et mystiques du Nouveau-Mexique, que l’artiste peindra sans relâche jusqu’à sa mort en 1986.