En Argentine, l’émergence du dollar Coldplay

Alors que les vols ont repris en direction de l’Argentine, le pays connaît une émergence sans précédent d’un tourisme intérieur, ou venant des pays voisins comme l’Uruguay, le Brésil et la Bolivie. Surfant sur ce constat, la capitale multiplie les événements d’envergure, répondant à la soif d’un tourisme trop longtemps freiné, en mal de légèreté, qui saute sans hésiter sur les occasions de se divertir. L’immense festival Lollapalooza à l’Hippodrome de San Isidro dans la province de Buenos Aires atteint quasiment l’affluence du géant Rock in Rio et supplante de loin les festivals nord-américains pourtant réputés tels que le Burning Man. Une forme de divertissement qui se compte en dollars. Mais quel dollar?

Depuis quelque temps, plusieurs marchés parallèles du change du dollar ont éclos en Argentine. Outre le dollar officiel ou encore le Blue Dollar, désignant un change au noir qui ne dit pas son nom, on assiste à un phénomène inédit depuis quelques semaines: l’émergence du dollar Coldplay. Ce groupe de pop-rock britannique a pris d’assaut la capitale avec une ambitieuse série de dix concerts étendus sur deux semaines au Stadium Monumental. À 61 000 places par soir, ce ne sont pas moins de 600 000 personnes qui se seront massées pour entonner en chœur les fameux hooks du morceau «Sky full of stars» ou les refrains de l’aérien «Paradise». Ce phénomène qui met en effervescence la région va jusqu’à créer toute une économie parallèle autour de ces spectacles, fondée sur un dollar ajusté au taux de change requis par la production de groupes internationaux. Le peso valant aujourd'hui environ 200 $AR pour 1 USD, il faut y rajouter 30%. Cette appellation de dollar Coldplay désigne le taux de change qui s’applique officiellement depuis le 14 octobre 2022 aux entrées des concerts de Coldplay, mais aussi d’autres artistes internationaux. La raison: maintenir l’attractivité de l’Argentine vis-à-vis de productions internationales malgré la dévaluation du peso. La venue de stars mondiales de la musique hispanique ou latine crée également l’événement. C’est le cas de Ricky Martin, qui arrivait en force pour trois dates à 16 000 places la soirée, fin novembre dernier à la Movistar Arena.