Crise politique en France: le luxe résiste à la Bourse de Paris
By Eva Morletto04 décembre 2024
Alors que la France traverse une crise politique majeure, marquée par l'examen de motions de censure à l’Assemblée nationale, les marchés financiers restent sous pression. Le secteur du luxe lui, affiche pour l’instant une étonnante stabilité. À suivre.
Aujourd’hui, en France, la tension politique atteint son paroxysme. À partir de 16h00 (heure française), l’Assemblée nationale examinera les mentions de censures déposées par la coalition de gauche, le Nouveau Front populaire, et le parti d’extrême droite, le Rassemblement National (RN). Ces initiatives interviennent dans un climat marqué par une crise budgétaire profonde et une instabilité gouvernementale croissante. Ces dernières semaines, le gouvernement a tenté de désamorcer la situation en cédant à certaines demandes du RN, dans le but de protéger le Premier ministre français Michel Barnier, mais le spectre d’une motion de censure demeure.
La motion de censure est le principal outil dont dispose un parlement pour exprimer sa désapprobation envers la politique gouvernementale et forcer l’exécutif à démissionner, témoignant ainsi d’un vote de défiance. En France, la dernière motion de censure date du 5 octobre 1962, renversant le gouvernement de Georges Pompidou sous la présidence du général de Gaulle. La seule jusqu’à présent sous la Ve République.
Alors que la Bourse de Paris enregistre une tendance négative depuis un mois et demi, une motion de censure et la chute éventuelle du gouvernement porterait probablement à une plus lourde chute des actions du CAC40. Toutefois, dans ce contexte incendiaire, le secteur du luxe montre une résilience surprenante. Sur la Bourse de Paris, Hermès affiche + 4,7%, le géant LVMH grimpe de 3% et Dior de 2,2%. Les nouvelles sont aussi positives pour le groupe de cosmétiques L’Oréal qui monte de 1,5%, ainsi que pour Kering (+1%). La relative stabilité du marché s’explique par des nouvelles encourageantes venues de la Chine: les mesures de relance économique prises par le gouvernement local pour soutenir la consommation et lutter contre la crise immobilière rassurent les investisseurs.
Face à la menace de censure, le gouvernement Barnier a tout tenté pour éviter la censure, et a multiplié les concessions, notamment à l’égard du RN. L’une des décisions majeures a été l’annulation de la proposition de déremboursement des médicaments prévue l’année prochaine, qui devait contribuer à réduire le déficit colossal de la Sécurité Sociale (NDLR: système de santé public français). Cette volte-face pourrait finalement s’avérer insuffisante, puisque le risque de censure semble de plus en plus probable.
Le Premier ministre Barnier, qui avait prévu un plan budgétaire plutôt stricte, a dû revoir ses ambitions à la baisse, coincé par la stratégie de chantage mise en place par le RN, qui vise un double objectif: d’un côté, le RN veut montrer à l’opinion publique la faiblesse du gouvernement Barnier, de l’autre, il souhaite pousser l’exécutif vers des mesures qui peuvent paraître populaires - comme par exemple le maintien des allégements des charges des entreprises sur les salaires – tout en évitant de porter la responsabilité d’un éventuel échec. La faute tomberait en effet sur le gouvernement en place.
Cette pression a contraint le Premier ministre à revoir à la baisse son plan budgétaire, compromettant des réformes destinées à combler le déficit public, estimé à 157,4 milliards d’euros fin octobre. Par exemple, le maintien des allégements de charges salariales représente un manque à gagner de 2,4 milliards d’euros pour l’État.
Mais aujourd’hui, l’objectif du gouvernement est d’épargner à la France une nouvelle débâcle politique, et de plonger dans une crise plus grave encore que celle générée par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, décidée en juin dernier par le Président Emmanuel Macron.
Quelles conséquences auront ces manœuvres sur le luxe ? S’agit-il d’une simple accalmie avant la tempête ? Les grands groupes seraient-ils déjà préparés à l’instabilité de la politique française ? Cette crise politique viserait-elle surtout les marchés étrangers, en évitant ainsi aux entreprises françaises d’être frappées de plein fouet par une crise interne ? Le jeu risqué du RN y serait-il pour quelque chose ? Tous ces éléments sont à prendre en compte.
Malgré cette tendance positive pour le luxe, certains groupes majeurs restent tout de même dans le rouge. Stellantis, qui commercialise entre autres les marques premium de voitures Maserati et Jeep, issues de la holding italo-américaine Fiat-Chrysler, a chuté de 6%. Même si les raisons de cette baisse sont plus à trouver dans le départ précipité du directeur général Carlos Tavares plutôt que dans les déboires gouvernementaux.
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