Chanel remporte son procès contre Jonak

La Cour d'appel de Paris a rendu son verdict: la griffe Jonak serait coupable de concurrence déloyale contre le géant du luxe Chanel. La marque de chaussures tenue depuis trois générations par la famille Nakam, serait coupable de «parasitisme». Ce type d’infraction particulier consiste à exploiter la notoriété et l’identité de marque d’une autre société pour obtenir des avantages. Certains modèles d’escarpins Jonak seraient en effet, trop semblables aux créations iconiques de Chanel.

Les escarpins «Dhapou», proposés par la marque de chaussures française fondée à Paris en 1964, auraient trop de détails en commun avec les «Slingbacks». Le design des brides et la couleur bicolore noire et beige rappellent fortement ceux utilisés par la maison de rue Cambon. La querelle avait commencé en mai 2020, lorsque Chanel a mis en demeure Jonak, l’accusant d’avoir commercialisé des modèles imitant les caractéristiques de six de ses créations bicolores, issues de la collection printemps-été 2020. La justice a tranché, Jonak devra payer une sanction de 180 000 euros: 150 000 euros pour le préjudice économique porté à la maison de luxe, 30 000 euros pour indemniser le préjudice moral.

À cette amende, s’ajoute l’obligation de retirer les modèles concernés du marché dans un délai d’un mois. Si Jonak ne respecte pas cette ordonnance, l’entreprise se verra obligée de s’acquitter d’une sanction de 1000 euros par jour de retard. La justice française a pu réaffirmer ainsi l’importance des droits de propriété intellectuelle dans la protection des créations et des marques d’excellence.

Les imitations sont de plus en plus répandues dans le domaine du luxe. La limite entre imitation et contrefaçon est désormais très mince, surtout depuis que le phénomène des «dupes» a pris de l’importance sur les réseaux sociaux, TikTok en tête. Les «dupes» sont des produits très fortement inspirés d’articles haut de gamme, mais fabriqués par des marques grand public. 

«Dupe» est aujourd’hui l'un des mots les plus plébiscités sur le réseau TikTok, comptant près de 9 milliards de résultats. Coco Chanel avait l’habitude de dire: «Être copié est la rançon du succès». Il semblerait qu’aujourd’hui, ce soit plus que jamais le cas. D’après le cabinet Morning Consult, 31% des consommateurs américains auraient déjà acheté des «dupes». Un rapport réalisé par le cabinet YPulse à la fin de l’année dernière relève parallèlement que les deux tiers des Européens âgés de 13 à 39 ans - appartenant aux générations Z et Millénials seraient déjà propriétaires d’au moins un «dupe».