Berlin et Copenhague: les nouvelles capitales de la mode durable

Rien de ce qui entoure le glamour et la dimension éphémère des semaines de la mode ne peut être qualifié de durable. Pour quelques minutes de défilé, une grande quantité de déchets est générée, sans compter l'impact des milliers de journalistes, influenceurs et clients qui se déplacent, de ville en ville, pendant les mois de la mode. Un bilan carbone qu'une étude a évalué à environ 241 000 tonnes émises en un an.

Contrairement aux autres grands événements fashion, la semaine de la mode de Berlin, qui débutait à la mi-janvier, a favorisé l'activisme, l'innovation et l'expérimentation. Le premier jour, une fausse présentation adidas organisée par le duo d'activistes The Yes Men avait dénoncé l'exploitation des ouvriers des usines au Cambodge, donnant le ton aux quatre jours suivants. Tous les créateurs présents à cette édition de la Berlin Fashion Week s’étaient accordés sur un programme axé sur la conscience environnementale, le salaire équitable, la slow fashion et les pratiques responsables. Et pour la première fois, les marques ont pu présenter des expériences de collection immersives dans le Berlin Metaverse, une plateforme expérimentale présentant les nouvelles possibilités en matière de fashion tech et de circularité.

Installés dans une multitude de lieux underground, allant des hangars industriels à la cave de l'hôtel de ville, les défilés de mode présentés sous différents formats étaient disséminés dans la ville; une ambiance générale empreinte d'énergie et de créativité y régnait. Sur ce point, Berlin est une ville très innovante, plurielle et ouverte d'esprit, dont la légendaire culture de l’art et du clubbing influence directement les jeunes marques émergentes qui prospèrent dans ce cadre. «Notre marque incarne l’état d’esprit berlinois, à travers nos créations et notre désir de défier les codes que la société nous impose, a déclaré Damur Huang, le designer derrière la marque non conventionnelle #Damur. Mais notre défilé a également reflété notre éthique durable et notre objectif de lutter contre les déchets inutiles; les tissus utilisés ont été recyclés à partir de collections précédentes, ainsi que les fleurs utilisées pour le show.» D'autres labels comme LML Studio, SF10G et Namilia, qui a fait sa première apparition après avoir défilé plusieurs fois à New York, témoignent clairement de l'esprit du temps et de la street, tout en intégrant à leurs collections une véritable dimension de durabilité, d'expérimentation de matériaux recyclés et d'exploration de la fluidité et de la diversité des genres.

En parallèle des défilés, le «202030 - The Berlin Fashion Summit» était organisé pour rassembler les acteurs du changement et partager des solutions destinées à transformer le secteur sur le plan institutionnel et culturel. Les thèmes de cette 5e édition, Regenerative Business et Regenerative Culture, ont guidé les différents panels et présentations de marques telles que UGG et Armed Angels, qui ont appelé à une action économique, culturelle et écologique.

«Des alliances fortes pour résoudre les problèmes de notre époque et de notre avenir sont plus importantes que jamais», a déclaré l'organisatrice Magdalena Schaffrin, qui est également à l'origine du VORN Fashion Show, qui œuvre en faveur du développement durable et de la responsabilité sociale dans le secteur. Avec son équipe de stylistes, elle a sélectionné 400 jeunes créateurs et grandes marques qui ont passé un audit rapide de durabilité réalisé par le studio MM04, avant de regrouper leurs pièces dans de nouveaux looks avant-gardistes. «Berlin continue de se développer en tant que nouvelle ville de la mode et nous participons tous à cette croissance en tant que communauté œuvrant au développement de nos pratiques durables», a ajouté Mme Huang, dont les créations ont été incluses dans le défilé.

Avec une liste de marques scandinaves branchées telles que Ganni et Stine Goya, la Copenhague Fashion Week est devenue un événement très prisé, désormais connu pour ses efforts concrets visant à réduire l'impact du secteur sur la planète. Selon son plan d'action 2020 en faveur de la durabilité, toutes les marques inscrites au programme doivent respecter dix-huit exigences minimales couvrant six domaines clés, de la conception à la production des défilés, en passant par les conditions de travail. Ces exigences seront révisées chaque année, afin de refléter les changements survenant dans le secteur. L'événement s'est également fixé pour objectif de réduire son propre impact environnemental, en diminuant de 50 % ses émissions et en compensant le reste de ses activités.

La Copenhague Fashion Week cherche également à donner un élan aux marques émergentes, grâce à son programme CPHFW NEWTALENT, qui vise à promouvoir les talents nordiques à l'échelle mondiale.

Chaque saison, trois à quatre créateurs reçoivent un soutien financier et un mentorat, ainsi qu'une place dans le programme officiel des défilés. «En tant que jeune et nouvelle marque, il est vital de recevoir ce type de visibilité et c'est une grande consécration pour notre mission et notre vision», explique Ervin Latimer, qui a reçu le prix NEWTALENT pour son label Latimmier. La CPHFW s'aligne aussi parfaitement sur nos valeurs sociales et écologiques, qui, nous l'espérons, deviendront un incontournable du secteur de la mode.»

En parallèle, la Copenhague Fashion Week a poursuivi son partenariat avec la plateforme de vente en ligne Zalando dans le cadre de son Sustainability Award, qui vise à récompenser les marques ayant une stratégie durable et un engagement en faveur de pratiques responsables et de l'innovation. Fondée en 2021 en tant que marque de vêtements au carrefour de la technologie et de la nature, le label ukrainien TG Botanical a participé à deux reprises au programme des présentations et des événements de la CPHFW avant de rejoindre les shows cette année en qualité de finaliste du Zalando Sustainability Award. «C'est une chance incroyable de promouvoir notre philosophie et de contribuer à changer l'état d'esprit de l'industrie de la mode moderne», explique la fondatrice Tetyana Chumak. Compte tenu du rôle croissant que joue désormais la Copenhagen Fashion Week sur la scène mondiale de la mode, on peut espérer que les principales capitales de la mode suivront le mouvement de transition écologique du secteur.