Si le monde de la mer est scellé dans l’ADN de la marque horlogère, il fallait une aventure taillée à l’image de l’Everest pour pleinement entrer dans le monde mythique de la course au large. Alan Roura, le navigateur genevois soutenu par la marque se prépare pour sa troisième participation au Vendée Globe, une possible victoire à l’horizon. Reportage à Lorient sur le monocoque IMOCA 60 Hublot
C’est une histoire qui remonte à la création même de la marque en 1980 avec ce design emblématique d’un hublot de bateau (...) Avec le Vendée Globe, notre aventure se poursuit par la plus iconique des courses en mer
Ricardo Guadalupe, CEO de la marque horlogère suisse Hublot
Au large de Lorient, non loin de l’île de Groix, le vent s’est levé. À quelques centaines de mètres, l’IMOCA 60 Hublot file à belle allure. Sa grand-voile noire se détache, seule sur l’horizon légèrement tourmenté. À bord, Alan Roura et ses deux équipiers naviguent avec quelques membres de la presse européenne venue faire l’expérience rare de tester les sensations qu’un 60 pieds dernière génération peut offrir. À trois reprises ce jour-là, le navigateur suisse fera patiemment l’exercice d’embarquer des néophytes peu exercés à la navigation en mer. Le jeu est pourtant vécu avec plaisir par le Genevois, ravi d’avoir trouvé avec la marque horlogère Hublot un sponsor titre de taille qui peut lui permettre de rêver à la victoire du prochain Vendée Globe 2024.
Pour Ricardo Guadalupe, CEO de Hublot, «c’est une histoire qui remonte à la création même de la marque en 1980 avec ce design emblématique d’un hublot de bateau. Aujourd’hui, en choisissant de nous impliquer pleinement dans l’aventure de l’Everest des mers avec Alan Roura, c’est une belle aventure suisse que nous soutenons. Bien sûr, nous espérons arriver à la victoire, mais c’est aussi une façon pour la marque de nous associer davantage encore à ce sport durable. Nous sommes Chronométreur officiel du Bol d’Or Mirabaud depuis 2013. Avec le Vendée Globe, notre aventure se poursuit par la plus iconique des courses en mer. Lorsqu’Alan Roura nous a contactés, nous n’avons pas hésité longtemps. C’est le choix du bateau qui m’a définitivement séduit. Lors du dernier Vendée Globe, beaucoup n’avaient d’yeux que pour le bateau d’Alex Thompson, une bête de course, magnifiquement habillée aux couleurs de son sponsor de l’époque. Aujourd’hui, le monocoque IMOCA 60 Hublot se détache avec ses couleurs noires, jaunes et blanches typiques de notre marque. Il est magnifique.»
Un monocoque à l’avant-garde
Effectivement, à son approche, le voilier présente sur la grand voile un large logo de la marque, une esthétique conçue pour attirer le regard. Une stratégie importante, à l’heure où la course au large s’est largement mise à la page des réseaux sociaux. Désormais, chaque navigateur se doit, en course, et quelles que soient les conditions météos, de produire vidéos et captations sonores pour rendre vivante et attractive une course qui fait rêver loin des regards, sous peine de sanctions. Le monde des vieux loups de mer aussi se modernise.
C’est un peu la Tesla des mers (...) Je sens que je le maîtrise à 70%, et les deux ans et demi qui nous séparent du Vendée Globe vont nous laisser le temps nécessaire pour l’apprivoiser
Alan Roura, Naviguateur suisse
En mer, Alan Roura nous attend, prêt à nous accueillir, souriant. Il nous explique brièvement les quelques endroits où tenter de nous accrocher. Car le monocoque, filiforme, n’est pas conçu comme les autres de sa catégorie. Mis à l’eau en 2019 pour le skipper britannique Alex Thomson, le bateau volant le plus extrême et le plus innovant de sa génération est caractérisé par des foils novateurs et un cockpit fermé. Son pont, entièrement recouvert de panneaux solaires lui permet d’être 100% autonome en énergie. «C’est un peu la Tesla des mers, raconte Alan Roura. Beaucoup de curieux viennent le voir, depuis qu’il mouille au port de Lorient. Nous sommes en plein apprentissage de ses capacités. L’idée est de pousser ses limites au fil des courses, mais je l’ai déjà bien en main. Je sens que je le maîtrise à 70%, et les deux ans et demi qui nous séparent du Vendée Globe vont nous laisser le temps nécessaire pour l’apprivoiser.» Impressionnant lorsqu’il se soulève sur ses foils, l’IMOCA 60 Hublot siffle, craque, gîte au fil des nœuds de vent qui augmentent, cet après-midi-là. L’équipage a le sourire, les passagers un peu moins. Un ou deux journalistes tentent de prendre la barre. La souplesse et la réactivité du bateau sont stupéfiantes. À l’intérieur du cockpit en carbone, le siège de pilotage qui lui sert de couchette trône au milieu de l’espace. En face, un winch, des cordes multicolores par dizaines, des écrans d’ordinateur, trois vitres et des hublots qui lui offrent une vue panoramique sur l’extérieur. Sur les côtés, des espaces de rangement, de la nourriture. «Le confort à l’intérieur du cockpit n’a pas de prix, lorsque l’on navigue en mer, explique Alan Roura. Alex Thompson l’avait conçu pour que la fatigue en course soit allégée au maximum des contraintes extérieures. Et c’est effectivement vrai. Éviter de se prendre des sauts d’eau, piloter au sec, c’est un vrai plus qui ne me sépare en aucun cas des sensations de navigation. De toute manière, nous passons pratiquement tout notre temps les yeux rivés sur les écrans météo, à tenter de prendre les bonnes options. Car pour que le bateau soit rapide, nous avons intérêt à avoir une cible de gite à 20 degrés. La seule chose que je dois encore faire évoluer, c’est ma manière de le pousser au maximum de ses limites, oser plus. Mais j’y arrive. On se parle avec Rasta Rockett (ndlr: le nom du bateau rebaptisé par Alan Roura). Il me répond quand je le fais voler.»
Un budget de 2 millions par an
Ce bateau est à la pointe de la technique. Nous récupérons chaque jour les données du bateau. Tout est mesuré, avec un système de grandeur à la tonne.
Membre de l'équipe technique d'Alan Roura
Très léger, le monocoque de dernière génération peut espérer gagner. Après la grosse avarie sur la coque en carbone subie en mer par Alex Thompson lors du dernier Vendée Globe, le bateau a subi des modifications ?. Alors que le choix du navigateur anglais avait été d’opter pour des matériaux en «nid d’abeille» entourés de carbone, procurant légèreté, rigidité, mais une haute propension aux impacts, huit mètres de coques ont été remplacés par des mousses plus denses. Son équipe, la Hublot Sailing Team, une véritable écurie de course composée de huit personnes salariées à plein temps, dont son épouse responsable de la coordination et des relations avec la classe IMOCA est installée dans le chantier La Base à Lorient depuis 2017. Tous attendent les courses à venir, qui leur permettront de déchiffrer les précieuses données sur le comportement du bateau. «Nous attendons surtout l’échéance de la Route du Rhum, explique l’un des membres de l’équipe technique, car en hiver nous sortons le bateau de l’eau et nous pouvons modifier ce qu’Alan Roura aura repéré.» Mais c’est surtout la partie électronique du bateau, conçue avec des systèmes anglais, qui donne encore passablement de travail à l’équipe. «Sous le siège de pilotage, c’est un peu Las Vegas, raconte le responsable informatique, il y a toute la fibre optique, les deux pilotes automatiques, l’ordinateur, des vérins électriques sur les côtés. Ce bateau est à la pointe de la technique. Nous récupérons chaque jour les données du bateau. Tout est mesuré, avec un système de grandeur à la tonne. Il faut savoir que le bateau fait environ neuf tonnes, que les foils et les puits de foils pèsent environ 700 kilos, donc ceux qui choisissent d’être en système avec dérives gagnent passablement de poids. Notre travail est de déchiffrer les fichiers de pression de vitesse. Pour vous donner un exemple, dans 16 nœuds de vent, le bateau doit aller à 22 nœuds.»
La recherche du meilleur ratio poids-résistance-vitesse est cruciale en navigation. De nouveaux matériaux sont testés par les équipages. Et même si la légèreté reste bien sûr le Graal, aujourd’hui, de nouvelles voies se lèvent pour trouver des matériaux composites plus durables, pour remplacer les colles chimiques nocives, essayer de nouvelles fibres. Le responsable des matériaux composites du Hublot Sailing Team explique: «De nouvelles tentatives sont faites actuellement avec de la fibre de lin. Nous restons attentifs à ces innovations, comme nous produisons des efforts constants sur le recyclage du carbone, et de tous les autres matériaux. C’est important pour notre secteur.»
Quatre transatlantiques attendent Alan Roura avant de repartir pour un tour du monde en 2024. «La route du Rhum, la Transat Jacques Vabre sont des rendez-vous importants. Mais j’aimerais bien battre également quelques records de traversées entre deux courses, comme celui de la traversée de l’Atlantique Nord en solitaire que je détiens avec une navigation en 7 jours, 16 heures et 58 minutes en 2019.» Ce planning lui permettra de mettre toutes les chances de son côté pour le Vendée Globe 2024-2025. Un programme dont le budget a été fixé à 2 millions de francs par an, y compris la location du bateau, le salaire et les assurances. Car Alan Roura n’est pas propriétaire du monocoque. Il le loue à une société qui a été d’accord de l’acheter au moment où le navigateur ficelait son partenariat avec Hublot. «Tout s’est fait en une dizaine de jours. Bien sûr, Hublot était une marque que je contactais régulièrement. Cette année fut la bonne.»
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