Après Leo France, Chanel rachète son partenaire italien Grey Mer

L'excellence de l'artisanat italien attire de plus en plus les grandes marques de luxe, qui cherchent à intégrer directement les petites entreprises à leur chaîne de production, afin de mieux contrôler le processus et d'assurer la stabilité de leurs approvisionnements.

La Romagne, en Italie (située à l’ouest de Bologne, entre Ravenne et Ferrare), est un centre névralgique de la production de maroquinerie et de chaussures, formant un pendant occidental au pôle manufacturier de Prato, en Toscane.
C’est dans cette région que Chanel s’appuie sur plusieurs entreprises pour approvisionner sa maison de luxe.

L’un de ces fabricants, Grey Mer à San Mauro Pascoli, dans le quartier de Rubicone et spécialisée dans les chaussures de prestige, vient d’être racheté par la maison de la rue Cambon. Ce mercredi, Chanel a confirmé à la presse l’acquisition d’une participation majoritaire dans la société, précisant que «les deux sociétés collaborent depuis 13 ans et produisent des chaussures pour les collections créées par le Studio Chanel. Face à la nécessité de garantir sa capacité de production, Chanel a naturellement souhaité s'investir plus activement aux côtés de ce partenaire de confiance pour écrire une nouvelle page de son histoire».

Fondée il y a 45 ans par l’entrepreneur italien Luciano Alessandri, Grey Mer restera en partie entre les mains de sa famille. Selon le média italien Milano Finanza, celle-ci conservera 30% des parts, tandis que le géant français en acquerra 70%. Le montant de la transaction n’a pas été dévoilé.

Le groupe avait déjà racheté Roveda, près de Milan, en 2000, puis Gensi Group, une entreprise artisanale basée à Teramo, en 2015. Cinq ans plus tard, la maison a acquis Ballin, située dans la région de Venise. Plus récemment, Chanel a pris une participation de 20 % dans Leo France, un fabricant toscan spécialisé dans les accessoires métalliques pour la maroquinerie.

Depuis plusieurs années, l’intégration verticale de ses branches fait partie des enjeux stratégiques de Chanel, une tendance qui s’est encore accentuée lors de ses derniers exercices financiers. Le contrôle des approvisionnements en cuir devient un enjeu crucial pour les marques de luxe. D’une part, la croissance du marché du luxe repose en grande partie sur les ventes d’accessoires, de maroquinerie et de chaussures. D'autre part, les principaux acteurs du secteur (Louis Vuitton, Hermès, Chanel) adoptent une stratégie de montée en gamme en développant des collections de plus en plus étoffées. Cette dynamique entraîne une concurrence plus exacerbée sur l’approvisionnement en peaux de qualité et renforce la nécessité de sécuriser les entreprises artisanales – notamment en Italie – qui perpétuent un savoir-faire d’exception.