Vincenzo De Bellis, directeur de Art Basel: «La nouvelle génération achète de l’art pour vivre une expérience»
By Bettina Bush Mignanego30 mai 2024
A quelques jours de l'édition 2024 d'Art Basel à Bâle, qui réunira, du 13 au 16 juin prochain, 285 des plus grandes galeries du monde, Vicenzo De Bellis, directeur des foires et des plates-formes d'exposition de Art Basel dans le monde offre sa vision du futur de l’institution.
En réalité, Vincenzo De Bellis rêvait d'être réalisateur. Diplômé en conservation des biens culturels de Lecce en Italie (promotion 77), il décide pourtant d'envoyer son CV à la Fondazione Prada, où il débute comme gardien de salle. Ce n'était alors que le début d'une longue carrière, dont nous relatons les dernières étapes: après quatre ans passés à la direction artistique de Miart à Milan - la foire d'art contemporain -, il devient curateur au Walker Center de Minneapolis aux États-Unis. Puis, dès 2022, il occupe le poste de directeur mondial des foires et des plateformes d'exposition d'Art Basel, de loin la plus importante qui se tient chaque année avec quatre rendez-vous sur les différents continents.
En marge d'une conférence au MiramArt de Santa Margherita, le seul lieu de la Riviera di Levante en Ligurie qui traite de l'art contemporain, Vincenzo De Bellis a accordé un entretien exclusif à Luxury Tribune, dans lequel il expose les stratégies futures d'Art Basel.
Pouvez-vous nous parler de votre rôle et des quatre plateformes d'Art Basel ?
Vincenzo De Bellis. Je supervise et oriente les quatre directeurs de foires du groupe Art Basel, à savoir Bâle, Paris, Miami et Hong Kong. Je m'assure que les sélections soient gérées de manière cohérente, de même que les espaces d'exposition. Une sorte de direction artistique générale. Outre les foires, il existe d'autres plateformes d'exposition, dont la Tokyo Art Week, qui implique certaines villes en dehors des circuits contemporains habituels. Là encore, je dirige la verticale de ces événements, je m'occupe des stratégies et du contenu.
À propos de Bâle, qui ouvrira ses portes dans quelques jours, il faut savoir que c'est une ville qui a l'art dans son ADN, il suffit de penser à la Fondation Beyeler, au Kunstmuseum; il y a un cheminement commun entre la ville et la foire, et une fréquentation très importante du public. Beaucoup de grands collectionneurs y viennent du monde entier, de nombreux Européens, sophistiqués, préparés, souvent proches de l'art de l'ensemble du 20e et du 21e siècle. Miami est importante, parce que c'est la plus vaste foire du plus grand marché de l’art (les États-Unis), représentant environ 70 % du volume total, tandis que Paris est la plus récente, puisque nous approchons de la troisième édition. Paris a toujours été une grande capitale de l'art, et devient de plus en plus importante pour l'art contemporain, surtout depuis que l'Angleterre a quitté la Communauté européenne. Ensuite, il y a Hong Kong, qui couvre un autre marché clé, celui de l'Asie, un continent immense et en pleine expansion. Ici, les jeunes collectionneurs, même de moins de 30 ans, font preuve d'une grande vitalité. De manière générale, nous constatons une évolution «glocale» d'Art Basel, un terme que je n'aime pas, mais qui signifie que les marchés sont de plus en plus régionalisés, un aspect que nous suivons de près.
Pour continuer à lire cet article, abonnez-vous maintenant
CHF 10.- par mois / CHF 99.- par année
- Accès illimité à tous les contenus payants
- Des analyses approfondies sur l'industrie du luxe que vous ne trouverez nulle part ailleurs.
- Des études et rapports sur les principaux défis à venir ainsi que leur décryptage.
- Des articles académiques élaborés par des professeurs et des doctorants membres du Swiss Center for Luxury Research, ainsi qu’un certain nombre d’universités à l’étranger.
- Des événements réservés aux membres pour enrichir vos connaissances et votre réseau.
Partager l'article
Continuez votre lecture
En Afrique, la nouvelle scène des créateurs de mode redéfinit le luxe
Face à l’évolution constante du secteur de la mode à l’échelle mondiale, le continent africain est devenu un pôle dynamique de luxe et de créativité. Des pays en plein essor comme le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Ghana et l’Égypte, ainsi que des puissances manufacturières comme le Mozambique, la Côte d’Ivoire et l’Éthiopie, ont donné naissance à une nouvelle vague de créateurs de mode.
By Elvis Kachi
Art et engagement: un dilemme grandissant
Le milieu de l’art est ébranlé par les séismes géopolitiques actuels. Dès lors, deux postures se distinguent: annuler des expositions par crainte d’éveiller des débats trop houleux ou à l’inverse, assumer clairement ses positions. Une question demeure pourtant: quel est impact immédiat de ces conflits sur le marché et les expositions?
By Samia Tawil
S'inscrire
Newsletter
Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.