Principalement utilisé dans le secteur de la joaillerie, l’ambre de la mer Baltique est un trésor venu de la nuit des temps. Certains lui prêtent des pouvoirs magiques insoupçonnés. D’autres en font de juteuses affaires.
350 tonnes
Production mondiale d'ambre
20'000
Le nombre de bijoutiers polonais qui travaillent l'ambre
-56%
La baisse du prix du kilo d'ambre depuis 2015
Bronislaw a toujours vécu dans le village de Świnoujście, au nord-ouest de la Pologne. Aujourd’hui âge de 82 ans, il est le témoin amusé de l’intérêt grandissant pour l’ambre: «Pour nous, ce n’est pas de l’ambre, mais l’or de la Baltique. Ce surnom est lié à la valeur de cette résine végétale fossilisée. Entre le 16e et le 18e siècle, son succès auprès de l’aristocratie était déjà important. Mais c’est au début de ce siècle que les cours se sont littéralement envolés.» Aujourd’hui certains chasseurs d’ambre sont devenus millionnaires.» En 2020, le prix pour un kilo se situe à environ 3000 euros. Une somme importante même si le cours a légèrement baissé depuis le pic de 2015 où un kilo d’ambre pouvait facilement atteindre 6700 euros. Ceci s’explique par la baisse de la demande chinoise.
Phénomène naturel
Sur les rives polonaises de la Baltique, certains chasseurs sont convaincus que leur métier est promis à un bel avenir. Lucjan, 25 ans, est de ceux-là. «Je travaille principalement durant la saison automnale. Juste après les tempêtes, je me précipite sur le rivage sablonneux avec mon épuisette pour récupérer ces trésors recrachés par la mer. Leur valeur s’explique par leur rareté et surtout le fait qu’ils sont le fruit d’un phénomène naturel vieux de 40 millions d’années. C’est tout simplement fascinant! Je revends mes pierres précieuses aux ateliers de la région, mais aussi à une société qui les propose aux marques de luxe. Mon petit business tourne plutôt très bien. En Pologne, on pense que l’ambre est un cadeau des dieux offert aux hommes.» A Gdansk, le Muzeum Bursztynu est consacré à l’histoire de l’ambre polonais. On y apprend qu’il est né dans les forêts de conifères. Au fil des siècles, sa résine s’est fossilisée et a été emportée par la mer. Lucjan précise: «Il y a l’ambre recraché par la Baltique et celui qui se trouve dans des gisements à des centaines de mètre de profondeur. Ce dernier est moins précieux et souvent moins beau.»
Résistance et beauté
Selon les recherches menées par l’Académie polonaise des sciences (PAN), la Pologne est le pays qui compte le plus de gisements, juste après la Russie. Bronislaw nuance: «Ils ne sont pas exploités, les gens préfèrent aller chercher les pierres sur les rivages, c’est beaucoup plus simple.» Ceci s’explique aussi par l’autorisation accordée aux chasseurs d’ambre de conserver les fruits de leur quête. Pour des explorations à plus grande échelle, les autorités imposent une demande d’autorisation. Souvent longue et fastidieuse, elle rebute les grandes entreprises à exploiter ce filon. Une aubaine pour Lucjan: «Cela nous permet de faire notre petit business dans notre coin. Nous devons cependant déclarer les grosses pierres, ce sont les plus chères et surtout les seules qui intéressent le secteur de la joaillerie. Ces entreprises internationales savent que l’ambre de la Baltique est le plus beau, mais aussi le plus résistant. Les bijoutiers peuvent le travailler facilement. Ce qui est parfois déprimant, c’est de savoir que les pierres que nous ramassons sont revendues ensuite cent ou mille fois plus cher à de riches clients asiatiques. Mais bon, c’est la règle du jeu. Au final, l’or de la Baltique ne fait que des heureux. Et ce depuis des lustres.»
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