La mode a ses controverses, et la fourrure animale truste toujours les sommets en la matière. Le développement de nouvelles fibres synthétiques et de méthodes de production plus innovantes offre des alternatives qui peuvent durablement mettre un terme à la question.
J’ai voulu tenter une expérience: lancer une discussion autour de moi pour comprendre si la fourrure devait être bannie des podiums. La réponse que j’ai reçue a le plus souvent été «Oui, bien sûr!» Ensuite, j’ai cherché à savoir si les personnes concernées faisaient toujours bien attention à ne jamais acheter de fourrure naturelle. Cette fois, le retour était moins unanime.
En moyenne, 37% des Européens estiment que la fourrure est inappropriée dans le monde de la mode. En Amérique du Nord c’est 23% de la population. Et pourtant de grandes marques de luxe telles que Saint Laurent, Fendi ou Roberto Cavalli continuent de l’utiliser et d’en vendre dans leurs collections.
Pour produire un manteau en fourrure naturelle il faut 150 à 300 chinchillas, 200 à 250 écureuils, 50 à 60 visons, ou entre 15 et 40 renards. Selon l’espèce animale choisie, le vêtement pourra durer 30 ans. Bien que les grands couturiers arguent que la fourrure qu’ils utilisent est naturelle, durable et donc responsable, il existe une alternative bien connue: la fausse fourrure.
Pourtant, un manteau en fourrure synthétique demande plus d’un litre de pétrole pour être fabriqué. Le consommateur le portera trois à cinq saisons et le produit mettra mille ans à se décomposer. D’où la fameuse phrase de Karl Lagerfeld: «La fausse fourrure pollue le monde». Une affirmation qui ne fait que renforcer l’association entre fausse fourrure et mode polluante d’entrée de gamme.
Les anti-fourrures clament que porter de la véritable fourrure nourrit la cruauté envers les animaux, tandis que les lobbyistes pro-fourrures soulignent que la vraie matière est plus durable que la fausse, de par son cycle de vie plus long et son caractère entièrement biodégradable.
Par conséquent, le sujet de la fourrure reste un des plus épineux du monde de la mode.
Tuer des animaux ou tuer l’environnement – est-ce si simple?
Fan de belles matières, d’éco-responsabilité et d’innovation, j’ai décidé de creuser davantage la question. Avant d’écrire cet article je n’avais pas une bonne opinion de la fausse fourrure. Je l’associais à l’industrie du fast-fashion, connue pour être très polluante et souvent bafouer les règles éthiques. Je ne pensais pas non plus que ce matériau avait sa place dans le monde du luxe. Mais enfin qu’est-ce exactement que la fausse fourrure?
Stella McCartney, pionnière en termes de mode durable, a, depuis de nombreuses années, démontré que la fourrure synthétique pouvait être utilisée par les maisons de luxe. Ses produits garantissent le respect animal et sa marque s’engage à réduire le gaspillage.
Mais Stella n’est pas la seule à prendre ce chemin. Bon nombre d’acteurs de la mode, tels que Gucci, Prada et Burberry, changent de stratégie en abandonnant la fourrure naturelle.
En effet, le développement de nouvelles matières et de méthodes de production plus innovantes offre des alternatives à la fourrure qui sont tout autant luxueuses, mais plus éthiques.
L’achat de fausse fourrure est déjà encadré par de nouveaux standards. Par exemple, des règles en termes de recyclage (Global Recycled Standard) s’assurent que les fibres proviennent de matériaux recyclés et qu’elles ont le toucher et l’apparence de la vraie fourrure. Plusieurs organisations non-gouvernementales, comme Textile Exchange, œuvrent pour des chaînes de production textiles plus vertes. Ces acteurs illustrent une volonté croissante d’allier expertise, éthique et respect de l’environnement.
Il ne s’agit donc pas d’une fausse fourrure avec de fausses prétentions éthiques. Au contraire, ce matériau se veut durable et produit en toute transparence. Il est fabriqué à l’aide de toutes nouvelles technologies plus éco-responsables – et toujours respectueuses des animaux. En d’autres termes le luxe se différencie du fast-fashion en faisant primer l’innovation responsable.
Si tel est le cas, une fourrure permettant à la fois de sauver les animaux et la planète pourrait s’arracher à des prix bien plus élevés.
Comme Marco Gobbetti, CEO de Burberry l’a dit: «Le luxe moderne va de pair avec une responsabilité sociale et environnementale ».
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