Pourquoi le groupe immobilier italien Arras s’implante en Suisse

Créé il y a à peine quatre ans, Arras Group SpA, promoteur immobilier italien établi à Milan, se dit disruptif sur un marché aujourd’hui saturé de la construction et de la vente de villas et d’appartements en bord de mer. Avec 67 biens déjà vendus et passablement d’autres projets en Sardaigne, en Sicile et dans les Pouilles, le groupe fondé par Enrico Arras est aujourd’hui coté à la bourse de Milan (août 2023). La société a choisi la Suisse pour sa première succursale internationale en dehors de l'Italie. Le choix n’est pas anodin, puisque la clientèle suisse représente 16% des ventes, mais bien davantage en valeur, puisqu’elle totalise le plus gros chiffre d’affaires du groupe. Les Américains sont l’autre bassin de clients friands du concept mis en place par Arras Group, à savoir une plateforme de vente numérique, couplée à des solutions et interfaces digitales pour le design, l’aménagement et la gestion des biens immobiliers par les clients. Enrico Arras explique, dans une interview accordée en visioconférence: «Arras Group développe des maisons secondaires premium, avec de très belles vues sur la Méditerranée; ce sont des constructions très innovantes, dont l’approche écoresponsable est à la pointe, tout comme leur durabilité dans le temps. D’ailleurs, nous développons une application digitale qui sera prête en avril 2024, qui permettra au client de gérer sa maison de manière totalement autonome et à distance, grâce au wifi. Il pourra monitorer sa maison, ouvrir les portes, la chauffer, allumer la climatisation, entre autres, mais aussi utiliser les services de maintenance, sur simple clic.»

La présence de Jean-Christophe Babin, CEO de la marque Bulgari en mains du groupe LVMH, au conseil d’administration du groupe est un vrai plus pour le fondateur. Enrico Arras poursuit: «Notre rencontre a d’abord débuté par une approche tout à fait classique, grâce à l’intérêt de Jean-Christophe Babin pour un bien immobilier en Sardaigne. Il nous a acheté une première maison, puis une deuxième. Nous avons ensuite beaucoup échangé sur le modèle d’affaires d’Arras Group et notre idée d’IPO. Il a montré très rapidement son intérêt en devenant le deuxième plus gros actionnaire. Il siège au conseil d’administration et nous apporte une vision stratégique très intéressante, sans être dans l’opérationnel. Il croît beaucoup dans le business model d’Arras Group.» Et visiblement, le groupe est en croissance, puisque le chiffre d’affaires 2022 a totalisé 9 millions d’euros, l’année suivante 11 millions d’euros et 2024 est en augmentation notable selon le fondateur.

Quel était donc la raison d’une entrée en bourse? Jean-Christophe Babin, contacté par téléphone explique: «J’ai effectivement approché le groupe pour l’achat d’un bien personnel. Lorsque Enrico m’a parlé de l’introduction en bourse, cela m’a immédiatement intéressé, car le concept de villas premium proche de la mer, moderne et écologique, positionné comme de très belles résidences secondaires avec l’assurance d’avoir une vue spectaculaire sur la Méditerranée est très séduisant et peut vraiment intéresser des clients internationaux. Nous nous sommes mis d’accord sur un montant, qui a fait de moi le deuxième actionnaire du groupe. Cette entrée en bourse a permis l’accélération des développements. Les villas que propose Arras se démarquent de ce qui peut se trouver sur le marché. Le style est très contemporain, avec de grandes baies vitrées sur la mer, écologiquement neutres, avec un standard de qualité élevé qui n’est pas facile à trouver. La clientèle désireuse de s’acheter un bien pour un demi-million d’euros (ndlr. les prix démarrent à 200'000 euros) ou plus est la même qu’en horlogerie et joaillerie, et je la connais bien. Autre point fort, Arras est très bien implanté en Sardaigne, un atout pour proposer de très beaux terrains proches de la mer. Ma villa actuellement en construction est en bordure d’une zone protégée et à quelques mètres de la plage. La Sardaigne, la Sicile ou les Pouilles offrent encore de très beaux terrains et à des prix beaucoup plus abordables que la côte d’Azur.»

Les ambitions du groupe Arras sont aujourd’hui de doubler la clientèle suisse, grâce à l’ouverture du premier showroom à Neuchâtel, où les clients pourront venir découvrir les matériaux et rencontrer les architectes ; mais la volonté est également de séduire la clientèle du nord de l’Europe, et bien au-delà. Jean Christophe Babin poursuit: «Il n’est pas exclut que nous démarchions la Chine.» S’il insiste sur son rôle non-opérationnel, il poursuit: «Ma présence dans le conseil d’administration n’est pas opérationnelle, je travaille sur des éléments stratégiques, j’assure le lien avec certaines institutions, mais cela ne m’occupe pas au-delà de mes weekends. Je continue et je continuerai chez Bulgari, cela est clair. C’est avant tout un investissement dans un domaine que j’adore et où je peux avoir une vraie valeur ajoutée. Si je me projette dans le futur, ma présence dans quelques conseils d’administration m’intéresse, mais certainement pas juste pour siéger quatre fois dans l’année sans rien apporter de plus. J’aime bien l’idée de faire profiter mon expérience à une génération plus jeune.»