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Nicolas Bos: «L’École des Arts Joailliers est probablement le projet institutionnel le plus ambitieux de Van Cleef & Arpels»

Cristina D’Agostino

By Cristina D’Agostino23 juillet 2024

Alors que Nicolas Bos a été appelé à diriger le groupe Richemont depuis le 1er juin 2024, il livrait il y a peu une interview exclusive sur l’ouverture du nouveau lieu de L’École des Arts Joailliers à Paris. L’occasion de revenir sur les fondamentaux de la création, du savoir joaillier et de sa passion pour cet art.

Nicolas Bos a été président et CEO de Van Cleef & Arpels pendant plus de 10 ans. En juin 2024, il a pris ses nouvelles fonctions de directeur général du groupe Richemont.

D’une intuition née il y a plus de dix ans, Nicolas Bos, CEO et directeur artistique de Van Cleef & Arpels, en a fait aujourd’hui une consécration du savoir joaillier. L’École des Arts Joailliers, dont le succès grandissant exigeait de plus amples espaces, a désormais pris ses quartiers généraux au sein d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle, inscrit aux Monuments historiques, sur les Grands Boulevards à Paris. Magnifiquement rénové, le spectaculaire hôtel particulier de Mercy-Argenteau a enfin ouvert ses portes au public cet été. Soixante professeurs − des joailliers, historiens du bijou, lapidaires, gemmologues, experts en laque japonaise ou en émail grand feu − dispensent des cours, organisés en modules, que le grand public, dès 4 ans (!), peut choisir.

La grande bibliothèque de l'Ecole des Arts Joailliers nouvellement créée dans l'hôtel particulier de Mercy-Argenteau (L'École des Arts Joailliers. Benjamin Chelly)

Une grande bibliothèque dédiée, unique en son genre, en est la clé de voûte. Assouvir ses connaissances en joaillerie était visiblement un besoin toujours plus pressant, que Nicolas Bos a souhaité combler par l’ouverture de cette école inédite tant par la pluridisciplinarité des cours que par la variété des approches. Si elle n’est pas vouée à octroyer des certificats, elle offre des thématiques fouillées pour ceux qui le souhaitent ou de pur plaisir pour d’autres. Soutenue par Van Cleef & Arpels, elle est un temple consacré au métier et à la beauté des savoir-faire joailliers, sans marque de fabrique. C’est tout l’intérêt du lieu, qui n’est pas bâti à la gloire de la Maison.

Alors que Nicolas Bos est désormais destiné, depuis le 1er juin dernier, à diriger le groupe Richemont – Catherine Rénier ayant été nommée CEO de Van Cleef & Arpels le 3 juillet - il donnait une interview exclusive que Luxury Tribune avait recueillie au moment de son ouverture à la presse. Indéniablement l’un de ses derniers témoignages à la tête de Van Cleef & Arpels, mais assurément pas la dernière expression de sa passion pour le métier de joaillier.

L’ouverture de L’École des Arts Joailliers à l’hôtel de Mercy-Argenteau à Paris, conçue comme un lieu de savoir global sur la haute joaillerie, c’était votre ambition?

La publication en 2024 du volume 1 de « La collection Van Cleef & Arpels (1906-1953) » marque une étape majeure pour la Maison. Pour la première fois, son travail de joaillerie est analysé sous la forme d'un inventaire complet et d'une étude scientifique des pièces de sa collection patrimoniale (DR)

Notre ambition provient de ce que l’on identifiait, il y a plus d’une décennie, comme un besoin de savoir, exprimé par beaucoup et auquel nous voulions répondre par la réalisation d’un beau projet, sans aucune volonté de régner sur le métier. Nous avions noté un déficit de connaissance, de visibilité et d’accessibilité du monde de la joaillerie, au-delà de la relation commerciale entre client et vendeur. De manière plus large, il y avait un besoin d’inscrire la joaillerie dans l’art et la culture, dans les arts décoratifs, mais aussi dans la science. Non pas que cela n’avait pas existé, mais cette visibilité avait disparu. À partir des années 80, de manière globale, l’intérêt s’est plus porté sur les arts visuels, au détriment des arts décoratifs. La mode et le design rencontraient l’engouement du public, alors que la joaillerie était reléguée aux dernières pages «accessoires» des magazines de mode. Tout est parti de cette envie de créer une offre pédagogique sur la joaillerie, afin d’initier le public intéressé au-delà de la formation professionnelle. Cette initiative a débuté en 2012, avec cette idée de donner des cours à l’image de ce que les grands chefs peuvent proposer en gastronomie ou en œnologie. Cette école propose à la fois une expérience et une éducation au domaine, avec la volonté de prendre du plaisir. Nous avions commencé cela à l’hôtel d’Évreux, que l’on occupait une à deux semaines par mois, de manière temporaire. Ce point de départ a eu du succès et correspondait visiblement à une attente. Cela s’est prolongé de manière naturelle sur d’autres activités, comme des conférences, des conversations ou des expositions.

L’École des Arts Joailliers, dont le succès grandissant exigeait de plus amples espaces, a désormais pris ses quartiers généraux au sein d’un hôtel particulier du XVIIIe siècle, inscrit aux Monuments historiques (L'École des Arts Joailliers. Benjamin Chelly)

Cette idée s’est-elle également exportée?

Oui, tout à fait. Après dix ans de présence à Paris, des sites permanents ont récemment ouvert à Hong Kong, à Shanghai et à Dubaï.

Cet engouement s’accélère-t-il?

Oui, et sur toutes les générations, puisque des ateliers pour enfants dès 4 ans sont mis en place. Je ne réfléchis pas en termes de jeune génération à tout prix. Il y a toujours eu de jeunes gens intéressés par ces métiers. Au fond, le rapport au bijou et à l’ornement est universel. Les grandes expositions muséales montées par des marques de joaillerie rencontrent un très large succès lorsqu’elles sont bien faites.

Justement, comment bien montrer l’art de la joaillerie?

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