L’Oréal face à l’impact des restrictions sur les Daigous en Chine
By Eva Morletto27 février 2024
En 2023, L'Oréal a enregistré une année record avec une marge opérationnelle frôlant les 20%. Toutefois, un recul de -7% de ses actions malgré l'annonce de résultats positifs est tombé comme un couperet. En cause: la répression gouvernementale chinoise contre les «daigous». Ce phénomène a longtemps représenté une part importante du chiffre d’affaires des marques.
Les derniers chiffres de L’Oréal, publiés le 8 février dernier, ont souligné une année 2023 record pour le géant français de la beauté, avec une marge opérationnelle approchant les 20%. Cependant, les analystes ont récemment mis en lumière une problématique qui inquiète. En effet, malgré une année caractérisée par d'excellentes performances, la Bourse n'a pas affiché un grand enthousiasme, et les actions de L’Oréal ont reculé de 7% juste après l'annonce des résultats. Cette réaction contraste fortement avec les performances financières de l'entreprise. Le point d’achoppement est lié au phénomène des «daigous». Mais de quoi s'agit-il exactement?
L'inquiétude des investisseurs est principalement due à un ralentissement des ventes au quatrième trimestre de 2023, une baisse attribuée aux performances commerciales en Chine. La chute de L’Oréal en Asie du Nord s'explique en grande partie par la lutte accrue du gouvernement chinois contre le phénomène des «daigous», un combat qui s'est intensifié récemment. Le principe des daigous est relativement simple: ces intermédiaires, souvent des «personal shoppers», achètent des produits de luxe à l'étranger à des prix avantageux pour les revendre à des consommateurs chinois fortunés. Les autorités chinoises tentent de limiter cette pratique, ce qui impacte directement les marques de luxe étrangères. Dès le troisième trimestre, l'Asie était la seule région où les ventes de L’Oréal Luxe étaient en recul, avec une baisse de 4,8%, alors que les analystes anticipaient une croissance de 15%.
Depuis 2014, le gouvernement chinois cible le commerce «daigou», cherchant à réduire la perte des recettes fiscales causées par ce marché parallèle sur les produits de beauté et de luxe en général. Les contrôles douaniers sont devenus plus rigoureux et les taxes liées à l’importation ont diminué. Certaines grandes marques comme Chanel ont également contribué à limiter ce phénomène, en harmonisant leurs prix et en réduisant les écarts de prix entre l’Europe et la Chine. Un rapport de Bain & Company a constaté une chute de 33% des ventes de produits de luxe suite à l'application des nouvelles mesures gouvernementales, représentant une perte d'environ 7,6 milliards de dollars. Le commerce via «daigou» a été un canal de vente très important en Asie pour de nombreuses marques de prestige, telles qu'Estée Lauder, Prada ou Balenciaga. Estée Lauder a estimé que jusqu'à 40% de son chiffre d'affaires en Chine provenait des daigous.
Cependant, la disparition progressive des daigous et l'émergence de plateformes de e-commerce telles que T-Mall Pavillion et l'ouverture de magasins flagship des grandes griffes dans les principales métropoles chinoises, avec des prix unifiés, devraient permettre de surmonter cette difficulté à moyen terme.
Partager l'article
Continuez votre lecture
LVMH se diversifie dans le cinéma et l’audiovisuel
LVMH lance 22 Montaigne, sa division de divertissement, visant à mettre en valeur le savoir-faire artisanal et l’histoire des maisons du groupe par le cinéma et l’audiovisuel. LVMH ambitionne de renforcer son soft power sur la scène internationale du divertissement.
By Eva Morletto
La famille Estée Lauder révèle des détails de structures financières
Après l’annonce des réductions de postes dans le monde (jusqu’à 3000 emplois) début février, Estée Lauder cherche à financer la nécessaire restructuration. Le groupe vient de dévoiler plusieurs détails sur les structures par lesquelles la famille fondatrice s’appuie pour contrôler le groupe.
By Eva Morletto
S'inscrire
Newsletter
Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.