Les vins argentins, un marché mondial en pleine ascension

La réputation du vin argentin n’est plus à faire. Du Malbec andin au Cabernet primé du domaine de la Piramide, ses cépages sont classés parmi les meilleurs au monde et attirent des œnologues de renom, dont Michel Rolland, chargé entre autres du choix des vins pour les hôtels Mövenpick. Pourtant, certains a priori ont longtemps perduré face aux vins du «Nouveau Monde», impliquant pour leurs producteurs un défi de taille quant au marketing à adopter. En effet, la France, l’Italie et l’Espagne gardent encore aujourd’hui une large main sur le marché du vin. Ils produisent à eux seuls 80% des vins européens et représentent 54% des exportations mondiales de vin en volume et 61% en valeur, selon Statista. Aujourd’hui, l’Argentine bouscule les codes, et propose des vins avec lesquels il faut indéniablement compter.

L’enchevêtrement de deux crises successives, à savoir l’inflation économique et la pandémie de Covid n’y feront rien: le marché du vin argentin se porte au mieux, les exportations de bouteilles ayant atteint l’an dernier leur record historique à hauteur de 817 millions de dollars. Avec un taux de 75% d’exportation, la crise économique nationale n’aura pas su impacter les ventes de vin argentin de manière significative, la majorité des exportations étant destinées aux marchés américain (40%) et canadien (10%), pays très en demande de vins argentins. Notons tout de même un obstacle supplémentaire plus récent avec lequel les producteurs devront composer: celui de la guerre en Ukraine, qui prive actuellement les producteurs des exportations vers la Russie, qui représentait jusqu’à 10% des exports de vins argentins jusqu’à cette année.

Cela dit, sur le plan local aussi, le vin argentin se porte à merveille et semble avoir au contraire bénéficié de la période de confinement, opérant des ventes nationales sans précédent – ventes qui culminaient déjà à 20% hors Covid.  Le directeur de la marque Marco Zunino, originairement monégasque et expatrié en Argentine depuis 2008, confie: « Nous avons énormément vendu durant la pandémie. Les gens sont chez eux, passent commande, et boivent plus qu’à l’accoutumée. Nous avons donc significativement augmenté nos ventes nationales malgré une inflation qui a atteint 90% cette année. Il faut dire que localement, nos tarifs croissent parallèlement à la hausse des salaires, mais la clientèle suit cette hausse tout naturellement; c’est une gymnastique qui se fait tacitement et qui va de soi ici.» Une flexibilité à laquelle les Argentins sont habitués, vu les aléas économiques, et qui assure une fluidité du marché sur le plan national, alors même que les vins argentins jouissent d’un attrait bien ancré dans le quotidien de la clientèle locale.