Cent quatre-vingt-dix euros pour une bouteille de 75cl. C’est ce qu’il faut débourser pour s’offrir le rosé le plus cher du monde. La demande mondiale s’emballe et de nouveaux investisseurs achètent des domaines à prix d’or.
Même l’ancien président de la République française Nicolas Sarkozy, qui, pourtant, ne boit pas de vin, et son épouse Carla Bruni, chanteuse et mannequin, ont succombé à la «vague du rosé» en annonçant, au cœur de l’été, avoir investi dans le Château d’Estoublon aux côtés de l’homme d’affaires Stéphane Courbit dans le Château d’Estoublon. Jadis propriété des Schneider (alors propriétaires de Breitling), elle produit certes une huile d’olive exclusive vendue au prix d’un parfum de luxe, mais ce qui intéresse les Sarkozy, c’est… le rosé des vignes voisines. En effet, le marché des rosés de Provence explose: la consommation mondiale a progressé de 40% en vingt ans. Même la pandémie n’est pas parvenue à arrêter la tendance croissante du vin rosé (6% en 2020).
En volume, il représente désormais 10% des vins vendus dans le monde. La catégorie ne montre aucun signe de ralentissement: 70% d’augmentation sont prévus d’ici 2024. «Les vins français dominent, notamment sur le segment le plus haut de gamme, explique Benoist Simmat, journaliste du vin, auteur de L’histoire mondiale du rosé. La France est le N° 1 mondial de la production de rosé avec plus d’un tiers de la production globale (multipliée par 10 depuis 2009) et également le premier pays consommateur.» Pas étonnant que ses 60 millions de bouteilles de rosé par an (hausse de 516% sur dix ans) attirent les investisseurs.
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La montée en gamme du rosé «Made in Provence»
Non loin d’Estoublon, c’est un tandem de choc, formé par le serial entrepreneur à succès Michel Reybier (les hôtels La Réserve, notamment) et la star internationale, ancien joueur de basketball aux multiples casquettes Tony Parker, qui a jeté son dévolu sur le Château La Mascaronne, situé au Luc, dans le Var. Le sublime domaine a été racheté à l’américain Tom Bove, lui-même une figure de la Provence viticole pour avoir vendu le château de Miraval à Brad Pitt et Angelina Jolie. Ce dernier, figurant parmi les pionniers de ce nouvel eldorado, a par ailleurs déjà acheté et revendu plusieurs autres domaines après les avoir convertis à la viticulture biologique. C’est dire s’il s’y connaît en matière de valorisation du potentiel de propriétés en Provence. Sous l’impulsion des nouveaux associés, l’enjeu est de taille: hisser la marque au plus haut niveau mondial et lui insuffler un nouvel esprit. Le choix de la Mascaronne par les deux associés n’est pas un hasard. Il est le fruit d’une recherche méticuleuse pour dénicher un diamant brut et le tailler pour qu’il devienne un véritable joyau. D’ailleurs, le domaine est considéré par beaucoup d’experts du secteur comme un petit bijou viticole. Son terroir, sa certification bio, son approche qualitative de la culture du vin et sa belle réputation constituent de solides bases de développement. Les deux associés entendent construire une marque de vins forte, synonyme d’excellence, qui produise des vins exceptionnels, afin d’accélérer la croissance sur le plan international.
Si le marché mondial du vin rosé n’a cessé de se renforcer, aussi bien en quantité qu’en qualité, c’est qu’il est dopé par de nouvelles habitudes de consommation et de nouveaux comportements. «Son profil gustatif rafraîchissant et sa capacité à être servi lors d’une large gamme d’occasions sociales, festives, séduisent une nouvelle clientèle», explique une étude récente de l’Observatoire international du rosé (OIR). Plus récemment, c’est une image glamour, une montée en gamme, qui se caractérise par des alliances avec des mets plus raffinés, qui ont contribué à améliorer sa désaisonnalisation et à le faire servir à table tout au long de l’année. Cela a permis au rosé de percer et de conserver un attrait universel, quelles que soient les connaissances ou l’expérience des consommateurs de vin.
Des investissements et des prix conséquents
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