La Tunisie veut miser sur le tourisme de luxe

Plusieurs acteurs, pour l’instant essentiellement privés, mettent tout en œuvre pour valoriser le patrimoine culturel et architectural du pays, et placer l’hôtellerie locale dans le segment haut de gamme. L’un d’entre eux, Mouna Allani Ben Halima, est à la tête de l’Hotel La Badira, seul établissement 5 étoiles de Hammamet à avoir obtenu le label Leading Hôtel of the World. Selon elle, la volonté de changer le visage du tourisme en Tunisie est née des cendres de la révolution de 2011 : «À cette époque, je me suis vraiment engagée pour la transition démocratique, j’ai voyagé dans tout le pays pour pousser les gens à participer au processus et pour que chacun apporte sa pierre à l’édifice d’une Tunisie nouvelle. J’y ai contribué, à ma façon, en révolutionnant le monde de l’hôtellerie. L’ouverture de La Badira ambitionnait de montrer que l’on pouvait créer une unité hôtelière en accord avec les standards internationaux du grand luxe, mais avec des compétences 100% tunisiennes. Il était temps de ne plus tout miser sur le tourisme des charters et du all inclusive, à faible valeur ajoutée.»

Les étapes à franchir n’ont pas été faciles, dans un pays qui investit peu dans la formation des jeunes. «Dans le secteur privé, le pays bénéficie aujourd’hui de grandes écoles hôtelières internationales qui se sont installées ici: une école tunisienne – la Eight, Hospitality Business School de Tunis –, a signé un partenariat avec la prestigieuse École Hôtelière de Lausanne. Une grande université tunisienne a organisé un bachelor en collaboration avec la fondation Le Roch. L’école Vettel existe en Tunisie depuis une quinzaine d’années. C’est en ce qui concerne les formations publiques que le domaine du tourisme se révèle encore médiocre. Il n’y en a pas assez de bonne qualité. La Badira organise régulièrement des séances de formation en interne avec ses chefs de service et des consultants externes, souvent en provenance d’Europe.»