«En 2023, 450 emplois seront créés chez Longchamp»

Captivé par la scénographie spectaculaire de Bob Wilson pour l’exposition A Chair and you et par le prodige humain qui réussit, depuis des millénaires, à imaginer, transformer, réinventer un objet aussi simple qu’une chaise, Jean Cassegrain, président-directeur général de Longchamp, conviait la presse à comprendre comment la marque réinterprète, depuis 1993, le sac Le pliage, devenu, au fil des décennies, le bestseller de la marque, mais aussi «la toile blanche» offerte à quelques artistes, pour en réinterpréter les codes esthétiques. Au cœur du Mudac – le musée d’art et de design de Lausanne, en Suisse romande, inauguré il y a six mois dans ses nouveaux murs au sein de l’ambitieux complexe muséal Plateforme 10 – Longchamp présentait sa nouvelle collaboration artistique, en série limitée, avec le Mudac et le designer-typographe Chi-Long Trieu.

Sa fibre artistique, héritée de ses grands-parents, fondateurs de la marque, Jean Cassegrain la cultive en achetant des œuvres, exposées dans les magasins Longchamp entièrement repensés à travers le monde. Il soutient et travaille avec des artistes, à l’instar de Carlos Cruz-Diez ou de Thomas Heatherwick, designer avec qui la marque a conçu une boutique à New York.

Très tôt, en 1972 déjà, Longchamp avait lancé une collaboration avec un artiste parisien autour de certains produits en édition limitée. Une démarche plutôt rare, il y a cinquante ans. Une ouverture sur le monde qui a visiblement servi à la marque, malgré quelques turbulences marquées en période Covid, puisque, cette année, Longchamp fêtera ses 75 ans. Une entreprise toujours en mains familiales, et pour laquelle la quatrième génération est déjà à l’œuvre. Jean Cassegrain livre, en exclusivité pour Luxury Tribune, les visions qui vont porter Longchamp à filer vers les décennies à venir. 

Quelle est votre vision de la collaboration?

Une belle collaboration doit marquer les esprits et son temps. Elle doit interpeller, comme l’une de nos premières cocréations avec Tracey Emin, en 2004. Depuis lors, de nombreuses autres ont abouti. Dans tous les musées du monde, vous avez des tote bags sur lesquels sont imprimées des œuvres d’artistes. Ce n’est pas très intéressant. L’idée, avec le sac Le pliage, en collaboration avec le Mudac et l’artiste Chi-Long Trieu, par exemple, est d’élever le projet, et de pouvoir y lire l’ADN de l’artiste ainsi que de Longchamp. Le sac Le pliage est une toile blanche pour les artistes. Il est simple et permet beaucoup de choses. 

Cette dizaine de collaborations annuelles a-t-elle des impacts sur la chaîne de production?

Longchamp a ses propres ateliers. Nous avons la capacité de fabriquer en petite série, même à l’unité, puisque nous avons développé le concept unique de «My Pliage», où le client peut concevoir son sac, sur l’écran de son ordinateur, et nous envoyer le dessin. Sa commande sera ensuite livrée sous trois semaines. Il est intéressant de voir que, pour certains, cette page blanche est intimidante. Il marche très bien, notamment en Chine et au Japon. Cela résout une équation en apparence difficile à réaliser pour beaucoup de marques: avoir un produit reconnu en lequel le client a confiance, mais également original et unique. C’est souvent antinomique.