Comment Venise est redevenue la capitale européenne du luxe

Partout dans Venise, sur les façades des bâtiments historiques en réfection, les panneaux publicitaires affichent les plus grandes marques de luxe. Il faut dire que la Biennale d’art contemporain et le Festival international du film de Venise attirent du beau monde. «C’est pour ces traits d’union entre art contemporain, préservation des trésors passés, vieilles familles et nouvelles stars que j’aime particulièrement l’ambiance de la semaine d’ouverture de la Biennale d’art contemporain, confie Nazanin Lankarani, journaliste au New York Times et Vénitienne de cœur. Il y a des mélanges incroyables dans des lieux magiques. C’est cela qu’on vient chercher à Venise.» Avec le Covid, l’activité de la cité lacustre millénaire s’est arrêtée brusquement après des décennies de tourisme frénétique. Une pause que beaucoup ont considérée comme salutaire. «Je ne devrais pas dire ça, mais ces deux dernières années, Venise est redevenue la resplendissante cité des doges qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être», confie Servane Giol, qui vient de publier un livre chez Flammarion consacré aux personnalités qui font le renouveau de la Sérénissime.

Cartier, partenaire de la Mostra, le Festival international du film, se réjouit de ce renouveau, qui attire chaque année en septembre davantage de stars internationales et de réalisateurs. La maison a le mérite de la constance et soutient depuis les débuts Homo Faber, le festival culturel international qui célèbre à Venise l’artisanat, les métiers d’art et défend les artisans du monde entier, sous l’impulsion de la fondation Michelangelo. Il attire à Venise tous les grands noms de la planète du luxe et du sur-mesure, ainsi que des artistes contemporains.

Les acteurs du secteur se bousculent aux portes de la cité des Doges pour y profiler leur partenariat, selon des précarrés bien établis, à l’image de Rolex, mécène important et soutien de longue date de la Biennale d’architecture. Également partenaire stratégique, Louis Vuitton réaffirmait en mai dernier son intérêt pour le patrimoine vivant et Venise en finançant entièrement la restauration de Ca’ D’Oro, un bâtiment historique de la ville, sis sur le Grand Canal. Un joyau architectural du gothique flamboyant du XV^e siècle dont on murmure que les motifs des arcades auraient inspiré au fondateur de la marque sa célèbre fleur devenue emblématique. Déjà investi dans des initiatives de soutien à l’art contemporain depuis de nombreuses années, Louis Vuitton est partenaire depuis 2010 de Venetian Heritage. À cette occasion, Louis Vuitton avait organisé dans la Galerie Giorgio Franchetti, autour du célèbre architecte d’intérieur Peter Marino, très actif au sein de Venitian Heritage, un dîner de gala mêlant stars et acteurs de la culture.

«Ce supplément d’âme est justement l’atout inimitable de Venise, confie Jasmine Spezie, à la tête d’une agence de communication internationale qui a notamment travaillé pour Ruinart. Cette année, la semaine inaugurale de la biennale en mai a été littéralement prise d’assaut. Tout le monde voulait venir. Et impossible de trouver une table dans les meilleurs établissements.» Cette semaine-là, les UHNWI (Ultra High Net Worth Individuals) invités par les organisateurs de la manifestation d’art contemporain, ont croisé ceux d’Audemars Piguet ou de Van Cleef & Arpels dans les soirées black tie des palazzi, sous les yeux ébahis des curieux.