Clergerie en difficulté, rachat possible par Kering?

Clergerie, emblème de l'artisanat "made in France" dans la fabrication de chaussures haut de gamme, est confrontée à une crise économique. Depuis fin mars, l'entreprise, située à Romans-sur-Isère, est en redressement judiciaire.

En déficit financier depuis quelques années, l'entreprise fondée en 1981 par Robert Clergerie emploie environ 150 salariés. Si la société se trouve dans une telle situation, c'est à cause de l'échec d'une «procédure de conciliation ouverte pour trouver des solutions in bonis» entre les actionnaires et les créanciers, comme déclaré au quotidien Le Monde par le manager de transition Dominique Bernard.

Les raisons de la crise financière que traverse Clergerie sont multiples. La pandémie de Covid-19 a entravé les exportations, surtout vers la Chine où la marque est très appréciée. La situation en Ukraine a fait grimper le coût des matières premières et de l'énergie, ce qui a augmenté les coûts de fabrication. Enfin, le tourisme international en baisse a réduit l'afflux d'acheteurs dans les treize boutiques de la marque. Malgré ces difficultés, Dominique Bernard a tout de même affirmé que le chiffre d'affaires de l'entreprise pourrait avoisiner les 20 millions d'euros.

Alors que Clergerie cherche des solutions, un éventuel rachat par un géant du luxe français à l’image de Kering pourrait être envisagé. Selon certaines indiscrétions circulant dans le milieu des affaires, François-Henri Pinault, à la tête de Kering, pourrait être intéressé par l'ajout de Clergerie à son portefeuille de marques.

Le groupe Kering pourrait être inspiré par le succès de Christian Louboutin, qui, en 2021, avait reçu un soutien financier considérable de la part du groupe Exor, une holding appartenant à la famille Agnelli. Cette dernière, qui détient actuellement 24% du capital de la marque d'escarpins Louboutin, a investi 541 millions d'euros dans l'entreprise. Cela a contribué à faire de Louboutin l'une des marques de chaussures les plus célèbres au monde, avec une valorisation de 2,3 milliards d'euros et comptant 150 boutiques ouvertes dans 30 pays.

Si Kering se lance dans le rachat de Clergerie, le groupe de luxe pourrait booster ses ventes, surtout aux États-Unis et en Chine, où le chausseur français bénéficie d'une réputation déjà établie. Clergerie avait déjà traversé des conjonctures compliquées par le passé: en 2011, le fonds chinois Fung Capital, déjà détenteur de Sonia Rykiel, avait repris Clergerie à son fondateur, puis l’avait cédé au fonds Mirabaud Patrimoine Vivant en 2020.