BusinessGrand angle

Les nouvelles opportunités de l’aviation d’affaires

Kristen Shirley

By Kristen Shirley30 juillet 2020

Lorsque Thomas Flohr a fondé VistaJet en 2004, il a révolutionné l'aviation d'affaires avec son concept de flotte mobile. Et au fil des ans, ses nombreuses intuitions sur le marché mondial de l'aviation d'affaire n’ont pas manqué, faisant de VistaJet un puissant acteur mondial du secteur évalué à 2,65 milliards de dollars. Il révèle en exclusivité pour Luxury Tribune ses solutions pour faire face à la pandémie, ce que ses clients recherchent actuellement et comment le COVID-19 va durablement métamorphoser l’industrie du voyage.

2,65 Mrd $

Chiffre d'affaires évalué de VistaJet en 2017

185 avions

La flotte de Vista Global

96%

Du globe couvert par VistaJet

La compagnie VistaJet fondée par Thomas Flohr en 2004 dessert 187 pays dans le monde (DR)

Au début de l'année, les vols commerciaux se sont brutalement arrêtés à l'apparition du COVID-19. Cette pénurie de vol a soudainement transformé l'aviation d'affaires en une nécessité à laquelle recourir, en particulier pour les voyageurs bloqués. Thomas Flohr, fondateur et président de VistaJet, en a très vite pris conscience. Sa compagnie a travaillé 24h/24 pour rapatrier ses clients, quelle que soit la complexité de la logistique, en offrant même des vols à vide gratuits aux gouvernements et aux professionnels de la santé dans le besoin. «Nous avons par exemple eu ce client important pris dans l'engrenage de la pandémie pendant ses vacances dans l'océan Indien, raconte-t-il. Il devait absolument rentrer chez lui en Amérique du Sud. Ce fut très, très complexe. Car bien sûr, vous ne pouvez pas effectuer ce vol sans escale. Nous avons pu organiser un changement d'équipage en Sierra Leone sur le chemin du retour». Seule l’aviation d’affaires peut, dans ce genre de cas, répondre efficacement et avec flexibilité aux problématiques personnelles des voyageurs. Et les affaires sont en plein essor.

Alors que le COVID-19 a décimé l'aviation commerciale, l'aviation d'affaires a rapidement rebondi, et VistaJet a connu une reprise en forme de V, à partir du mois de mai. Selon Thomas Flohr, «le marché qui peut réellement se permettre de voler sur VistaJet va devenir de plus en plus important. Je pense que dans cette nouvelle réalité que nous vivons aujourd'hui centrée sur la santé, couplée à la tendance de voler vers des aéroports ou terrains d’aviation plus petits reporte une bonne partie du trafic commercial vers le marché des jets d'affaires, là où les gens se sentent moins exposés».

Thomas Flohr, fondateur de VistaJet (DR)

Thomas Flohr estime que le nombre de points de contact est trente fois plus élevé sur un seul vol commercial que sur un vol en jet d'affaires, et si un voyageur doit changer d'avion ou d'aéroport, il augmente encore davantage. «Nous pensons que le monde sera changé à jamais. Les réductions [de vols commerciaux] ont été trop importantes. De toute évidence, ce sont les compagnies aériennes qui souffrent le plus de cette infrastructure, et si tout le monde fait un excellent travail en termes de protection de la santé, l'aviation commerciale a simplement un nombre de points de contact trop important avec le virus pour le voyageur individuel par rapport à l'aviation d'affaires».

Les statistiques de VistaJet montrent que 79% des personnes très fortunées sont maintenant plus enclines à prendre des vols privés, une évidence qui se lit dans les chiffres du mois de juin: 71 % des nouvelles demandes proviennent de clients qui voyageaient auparavant principalement par avion commercial. Selon Thomas Flohr, « par rapport à 2019, nos ventes à de nouveaux membres sont en hausse très, très significative en ce deuxième trimestre 2020, au plus fort de la pandémie».

VistaJet propose «VistaJet World Safe Havens», un portefeuille de sept destinations conçu pour les membres qui souhaitent voyager pendant la pandémie. Ici le Velaa Private Island aux Maldives (DR)

Après des mois de confinement, ses clients sont prêts à voyager à nouveau pour les affaires et les loisirs, et VistaJet a été particulièrement attentif aux règles sanitaires mondiales et aux changements en terme de restrictions de voyage. Elle a également maintenu un contact très étroit avec ses clients pour anticiper ses envies et a créé de nouveaux programmes pour répondre à la demande. Thomas Flohr explique: «Nous essayons toujours d'être, jour après jour, 24h/24, en contact avec nos clients. Les gens ont travaillé extrêmement dur au cours des quatre ou cinq derniers mois pour maintenir leurs entreprises en activité, et ils n'ont pas eu de vacances. Ils sont désormais impatients de s'échapper pendant une semaine. Mais la pandémie est toujours là…». L'équipe de Flohr a donc réagi en travaillant étroitement avec le gouvernement maltais pour permettre aux clients de débarquer temporairement à Malte, de se rendre à la marina et de monter à bord d'un yacht pour un voyage en toute sécurité et en créant un nouveau programme de voyage «VistaJet World Safe Havens». Cette collection de destinations est axée sur la protection de la vie privée, la sécurité et la santé, permettant aux clients de voyager sans souci. Les voyages vont d'une excursion sur une île privée des Maldives à une expérience style cow-boy dans le Colorado, en passant par une croisière en yacht dans les îles vierges des Galàpagos, et même une escapade en Antarctique.

Pour le fondateur de VistaJet, la flexibilité et la technologie sont la clé. Son modèle de flotte mobile lui a permis de s'adapter rapidement à l'évolution du monde, puisque les clients ont d'abord quitté l'Asie, puis l'Europe, puis les États-Unis, et cette flexibilité sera d'une importance capitale à l'avenir. «Dès la fondation de la société, notre modèle commercial s’est toujours basé sur le concept de flotte mobile, sans base d’attache, et ceci sans aucun rapport avec la pandémie et le coronavirus. J’ai toujours pensé que c’était le bon modèle. Et le contexte actuel de ralentissement le prouve encore: les avions vont là où se trouve le trafic. Ainsi, si un avion va de Londres au Caire ou à Abu Dhabi, et que nous prenons le prochain passager dans cette région, il n'a pas besoin de revenir à sa base d'origine». L'année dernière, VistaJet a acquis la technologie de «partage de sièges» de JetSmarter, devenue un important moteur d'activité en raison de sa rentabilité. Il poursuit: «Nous avons eu l’opportunité d'investir massivement dans la technologie au fil des ans, et c’est le facteur déterminant aujourd'hui. Si davantage de pays s'ouvrent et permettent aux étrangers d'entrer, nous assisterons à une nouvelle reprise».

Partager l'article

Continuez votre lecture

S'inscrire

Newsletter

Soyez prévenu·e des dernières publications et analyses.

    Conçu par Antistatique