Le secteur du luxe est en recherche constante d’innovations. Et la blockchain est l’une des pistes les plus prometteuses. Richemont avec Vacheron Constantin, LVMH avec Louis Vuitton ou encore Kering avec Ulysse Nardin ont lancé des initiatives pour combattre la contrefaçon grâce à cette technologie. Mais les pistes blockchain à explorer pour ce secteur d'activité ne se limitent pas seulement à ce cas d’usage.
La conformité des fournisseurs et des matières premières utilisées dans les produits de luxe est devenue un enjeu stratégique et différenciant. Les marques de luxe se doivent de pouvoir garantir l’audit et le contrôle de leurs contreparties qui n’apportent pas toujours les garanties suffisantes en termes de transparence. Ce sont l'image et la réputation des marques de luxe et des filières concernées qui sont en jeu. Je pense notamment au récent rapport publié par le Contrôle Fédéral des Finances Suisse qui soulève des lacunes importantes dans le contrôle de l’or importé en Suisse. Il devient à mon sens critique de pouvoir garantir que les fournisseurs respectent leurs engagements au niveau éthique, traçabilité, durabilité et conformité tout au long de la chaîne de production et d'approvisionnement.
Or la blockchain s’applique parfaitement aux enjeux de la conformité qu’elle soit bancaire, médicale ou encore pour le secteur du luxe. D'abord par ses caractéristiques d’immutabilité, la technologie des registres distribués permet de garantir l’authenticité des informations et ainsi de lutter contre la fraude. Ensuite, elle apporte une transparence tout au long de la chaîne de valeur afin de s’assurer à chaque étape que les composants des fournisseurs soient conformes avant assemblage. Ainsi en digitalisant et en enregistrant la conformité des fournisseurs, la blockchain permet d’apporter plus de transparence sur les produits et surtout de garantir la conformité de ceux-ci.
A tout moment, une marque ou ses clients peuvent vérifier ces informations et des organismes de certification ou de contrôle peuvent auditer ces informations. Il serait tout à fait pertinent que les maisons de luxe mutualisent leurs efforts et établissent un consortium afin de définir ensemble des standards pour le contrôle des fournisseurs de matières premières. On pourrait alors imaginer que les fournisseurs, les revendeurs, les réparateurs et les organismes de certifications puissent accéder à ces informations pour vérifier, en tout temps, que les normes sont bien respectées.
Au-delà de la la garantie de la conformité, les caractéristiques de transparence et d'horodatage (ou time-stamping) de la blockchain permettent également de suivre la chaîne de valeur. Pour ce qui est du marché secondaire, chaque produit (montre, bijou, etc.) pourrait devenir un actif digital, reflété dans son patrimoine, avec une cotation sur une bourse et un marché secondaire pour celles et ceux qui souhaitent le revendre. La tokenization apporte ici des possibilités d’échange de valeur que nous n’avions pas jusqu’à maintenant. Déjà appliqué pour d’autres actifs illiquides comme l’immobilier ou les objets d’art, cela pourrait permettre de faciliter l’acquisition, la valorisation, la revente et de lutter contre les contrefaçons. Selon une étude récente, Boston Consulting Group et Vestiaire Collective estiment le marché du luxe d’occasion à 36 milliards en 2021 avec une croissance de 12% par an. Tout en permettant à l’industrie du luxe de démontrer ses capacités à innover, la blockchain est une opportunité pour le secteur de répondre à des problématiques d’envergures et d'ouvrir de nouvelles voies.
Vincent Pignon est CEO de Wecan Group
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