Fashion Week parisienne 2024: quel bilan?

Contrôlée par la Fédération de la haute couture (FHCM), la semaine de la mode parisienne est la plus sélective du monde. Pour cette édition dédiée au prêt-à-porter féminin, journalistes et invités ont pu assister à environ 70 défilés et à 38 présentations, inscrits au calendrier officiel.

Launchmetrics, la plateforme d’analyse médiatique spécialisée dans le domaine de la mode et du luxe, vient d’attribuer un Media Impact Value (MIV) aux griffes qui ont le plus marqué cette édition. On retrouve en tête de liste Dior, avec 58,7M de dollars de MIV. Le défilé des modèles de Maria Grazia Chiuri, inspiré cette année des mythiques amazones, a eu lieu comme à son habitude au musée Rodin - le 24 septembre - et a encore marqué les esprits. La maison a su profiter de l’élan de succès et de visibilité obtenu par LVMH, en tant que partenaire premium, pendant les Jeux olympiques de Paris.

Parmi les marques phares du groupe de Bernard Arnault, Louis Vuitton se place en deuxième position dans la liste de Launchmetrics avec un MIV de 37,5M de dollars, suivie de Miu Miu (groupe Prada) avec 24,4M et Chanel, avec 21,6M.  Selon les études effectuées par l'Institut Français de la mode (IFM), les six semaines de la mode parisiennes génèrent chaque année environ dix milliards d'euros de revenus, ce qui correspond au montant global de commandes d’achats confirmés.

Les collections présentées et vendues pendant les Fashion Weeks constitueraient, en moyenne, jusqu'à 30 à 50% du chiffre d’affaires annuel des marques, on comprend donc aisément l’enjeu financier colossal lié à l’événement. Parce que les temps sont difficiles pour l’univers de luxe, cette édition de la Fashion Week parisienne était regardée avec une attention particulière de la part des acteurs et investisseurs du secteur. Parmi les raisons, on trouve les nombreux changements au poste de direction créative de certaines marques iconiques.

Parmi celles-ci, Valentino était particulièrement sous les projecteurs, avec le premier défilé signé Alessandro Michele. Sa mode maximaliste avait fait la fortune de Gucci pendant sept ans, avant la stagnation et la chute de ventes qui a entraîné en 2022, le départ brutal du styliste. Son arrivée en 2024 chez Valentino suscitait des appréhensions quant à la capacité de Michele à se renouveler. Le défilé parisien de cette dernière Fashion Week a confirmé le contraire, en reboostant la confiance des investisseurs: Alessandro Michele a su offrir une collection équilibrée, qui renouvelle l’image de Valentino sans enfreindre ses codes intemporels.

Le défilé de Sean McGirr était aussi très attendu après que le jeune styliste a pris les rênes, fin 2023, des collections Alexandre McQueen. Il s’agit de l’une des marques les plus difficiles à reprendre, encore très ancrée dans le style éponyme - provocateur, parfois sombre - du créateur. En même temps, la marque fait partie de la galaxie Kering, qui a fortement besoin de relancer sa croissance et aspire à des collections plus «neutres»: un équilibre très difficile à tenir.

Pour la maison Chloé, la designer Chemena Kamali, qui avait présenté sa première collection en février de cette année et qui avait été encensée par la presse et par les clients, a connu le même succès pour cette deuxième présentation.

Coperni s’est confirmée comme l’une des marques qui a le plus rentabilisé les phénomènes de «buzz» en faisant parler d’elle. Si déjà la pièce noire portée par la chanteuse Angèle pendant la cérémonie de clôture des Jeux Paralympiques avait enflammé la toile et fait grimper le chiffre d’affaires de la marque, le nouveau défilé organisé à Disneyland Paris a été l’un des plus remarqués de la semaine. Le lieu choisi et la présence de Kylie Jenner qui a clôturé le catwalk, y sont certainement pour beaucoup.

Le bruit autour de la Fashion Week ne s’est pas vraiment éteint après le dernier défilé. LVMH, à la fin de cette semaine de la mode, a annoncé que le designer Hedi Slimane quittait Céline, pour laisser sa place à Michael Rider. Le «mercato» des créateurs promet d’agiter le secteur dans les semaines à venir et déterminera en grande partie, l’avenir financier des marques dans cette conjoncture si délicate.