Craintes de licenciements chez Gucci

En Italie, les employés de Gucci manifestent leur mécontentement et entament une grève en réaction à l'annonce du transfert des salariés du bureau créatif de Rome à Milan. Cette décision, interprétée par bonne partie du personnel comme une tentative de la maison mère Kering de réduire le personnel, suscite des inquiétudes de «licenciement collectif déguisé» au sein de la marque phare du groupe Pinault.

Les manifestants se sont retrouvés devant le siège romain de la marque pour exprimer leurs contrariétés. L'annonce du transfert du bureau de style à Milan avait été faite en octobre dernier, impliquant le déplacement de 153 salariés vers la ville lombarde, une décision que les syndicats avaient déjà critiquée, jugeant les conditions de ce transfert «non adéquate».

Il s’agit du tout premier mouvement de grève du bureau de style, berceau de toutes les collections de la griffe de luxe, soutenu par les syndicats italiens des travailleurs CGIL et UIL. Ces derniers dénoncent une pression déloyale de la part de la maison mère Kering sur les employés, en particulier sur ceux qui, pour des raisons familiales ou logistiques, ne peuvent pas déménager. Les craintes se portent sur la possible utilisation de cette délocalisation à des fins de licenciements et de réduction des coûts du personnel, à la suite des difficultés conjoncturelles traversées par Gucci ces derniers mois.

De son côté, la marque a bien l’intention de rassurer ses employés: dans une note, les dirigeants précisent que «ce transfert ne prévoit aucune réduction de personnel (…) et sera mis en œuvre dans le respect total des réglementations en vigueur». La société ajoute ensuite que «afin de faciliter au maximum le transfert de tous les salariés concernés, la compagnie a prévu une série de mesures, tant économiques que d'accompagnement, particulièrement plus favorables que celles prévues par la convention collective nationale».

Dans le contexte de performances semestrielles décevantes affichées cet été par Gucci, avec un recul des ventes de 1% pour un chiffre d’affaires total de 5,12 milliards d’euros, les employés suivent très attentivement les nouvelles stratégies envisagées par la maison mère pour les prochains mois. L’objectif de Kering est clairement celui de remettre son fleuron sur le bon chemin. L'arrivée du nouveau directeur artistique Sabato de Sarno, remplaçant Alessandro Michele, est notamment perçue comme un moyen de redynamiser la marque. Si 153 salariés doivent être transférés à Milan d'ici mars, le sort des 66 autres censés rester pour l'instant à Rome «est incertain», selon les syndicats. «Nous revendiquons les mêmes conditions pour tous dans le cadre du transfert à Milan ou bien une relocalisation des salariés dans d'autres entreprises de Kering à Rome ou Florence», a résumé Chiara Giannotti.